S'entraîner pour atteindre le sommet... si on ne finit pas six pieds sous terre [PV Izzie]

Comment ça avait pu finir comme ça ? Tout avait commencé à l’arrivée d’un certain nombre de blessés à l'hôpital du Heaven's Canceller suite à ce qui semblait bien être une attaque de la cité scolaire par un groupe non identifié et particulièrement bien armé. Plusieurs étudiants avaient été blessés dont une lvl 4 ce qui démontrait de la capacité offensive du groupe dont les objectifs restaient encore à définir. La traque des soldats encore vivants et en fuite avait immédiatement débuté après la récupération des personnes encore vivantes et la remise en ordre de l’hôpital, à commencer par la remise sous tension des locaux qui avait été coupée et avait déjà provoqué la mort de plusieurs patients dans des états critiques ou sous respirateurs.

Lorsque la première alerte avait été donnée, un petit contingent d’agents avait été envoyé à l’hôpital pour s’assurer de la sécurité et de la coopération des étudiants concernés, pensant d’abord à une histoire de moindre envergure mais la facilité avec laquelle les soldats adverses avaient pu neutraliser la totalité du personnel sur place avait permis de démontrer que la menace était réelle et qu’il faudrait engager le plus de personnel possible pour juguler la crise.

Finalement, les vies de nombreux innocents et des membres des forces de l’ordre présents avaient été sauvées par le petit groupe d’étudiants qui avait déjà pu voir l’ampleur de la menace et avait donc réagit comme il fallait pour repousser l’assaut sans provoquer plus de pertes, ce qui était un miracle vu ce que la médico-légale avait pu voir dans le bâtiment une fois qu’il fut sécurisé.

Lors de la deuxième alerte, donnée par des civils ayant entendu « comme des explosions et des coups de feu dans le Heaven’s Canceller », un nombre bien plus conséquent de personnes avait été déployé et tous les agents avaient été appelés. Tous ceux étant arrivés à temps au QG ont donc été envoyés pour prêter main-forte à ceux déjà sur place et qui étaient jusqu’alors toujours injoignables.


Renka avait fait partie du premier groupe à arriver sur place. L’intervention avait été grossièrement préparée durant le voyage en fourgon où elle ne se trouvait même pas avec son équipe, tout le monde ayant embarqué au plus vite sans faire attention à ce genre de détails. Une fois arrivé, anti-skill encercla rapidement le bâtiment et plusieurs équipes, dont celle de Renka, furent désignées pour entrer en première, en éclaireurs.

Il n’y avait plus vraiment de menace à l’intérieur et le courant fut rétablit rapidement. Les médecins furent envoyés pour récupérer les blessés au fur et à mesure que leurs positions étaient sécurisées et en moins d’une heure la totalité du bâtiment fut ratissée et la possibilité d’une bombe cachée fut écartée ainsi que toutes les autres menaces.

La poursuite des suspects fut lancée mais particulièrement difficile au vu du peu d’éléments dont Anti-Skill disposait et l’équipe de Renka fut, de son côté, assignée à la gestion et à la sécurisation du transport des blessés dans les autres établissements médicaux de la cité, à commencer par les plus gravement touchés.

C’est ainsi que la jeune femme passa toute la nuit entre ambulance et transport d’anti-skill, accompagnant tantôt une étudiante dans le coma et criblée de balles, tantôt un autre étudiant secoué psychologiquement mais aux blessures moins sévères.

Le nombre de cadavres présents était assez élevé et démontrait de l’ingéniosité qu’avaient pu démontrer les jeunes espers pour assurer leur propre survie malgré que tout ne se soit retourné contre eux. Utilisation de leurs pouvoirs pour se sauver eux et leurs camarades, utilisation d’explosif, récupération des armes de certains agents, ils avaient su utiliser tout ce qui était à portée de main pour s’en sortir face à une situation qui devait leur paraître désespérée et l’état du hall d’entrée avec ses bureaux écrasés contre les murs et l’homme à peine reconnaissable en tant que tel tant il était criblé de balles en témoignaient clairement.

Le transfert fut terminé en début d’après-midi suivante par les derniers patients qui n’avaient même pas pris conscience de ce qui s’était passé et certains agents avaient été laissés à chaque hôpital pour assurer la sécurité des potentiels témoins jusqu’à ce que toute menace ne soit véritablement écartée.


Renka était assignée au Heaven’s Canceller où se trouvaient encore les patients dont le déplacement avait été indiqué comme impossible par le personnel médical. C’était notamment le cas de certains blessés au couteau dont les blessures ne semblaient pas vouloir cicatriser, couteau qu’anti-skill avait probablement récupéré d’ailleurs et dont l’analyse montrerait bientôt quelle substance se trouvait dessus pour provoquer une telle chose. La jeune femme se déplaçait dans les couloirs en vérifiant que chaque patient était bien sous surveillance par les personnes sensées les surveiller, regardant la liste des personnes concernées sur sa tablette où toutes les informations nécessaires à l’organisation de la défense étaient renseignées.

La plupart des personnes encore présentes étaient déjà là avant les événements de la soirée mais un nom retint l’attention de Renka. Un nom qu’elle connaissait depuis quelques temps et qu’elle n’était pas prête d’oublier, surveillant qu’il n’apparaisse pas dans un rapport pour pouvoir venir mettre sa menace à exécution.

Hasakura Izayoi était la personne qui avait été poignardée et donc la blessure ne voulait pas se refermer. Plissant les yeux et soupirant longuement, Renka se dirigea vers l’endroit où il était supposé se trouver d’après les informations renseignées dans le fichier qu’elle consultait. Elle se rappela les dernières choses qu’elle lui avait dit avant de le laisser partir et espéra autant pour elle que pour lui qu’il s’agissait simplement de quelqu’un qui portait le même nom que lui.

Arrivant dans la salle de soins intensifs où était le garçon, Renka s’immobilisa en reconnaissant la chevelure blonde du garçon qui l’avait empêchée de participer à une intervention d’Anti-Skill et s’était mit en danger de façon stupide au point de se faire prendre comme otage.

* Putain, je t’avais dit de faire gaffe et que je ne voulais pas apprendre que tu t’étais fait poignarder en jouant au con… Et que je te botterais le cul si ça arrivait. *


Les deux jours suivants furent plutôt calmes. Il n’y avait aucune nouvelle indiquant que des suspects avaient pu être appréhendés et aucune attaque ne fut menée à nouveau contre l’hôpital dont le système d’aération avait été revu pour éviter une nouvelle attaque par gaz conduisant à la neutralisation de toutes les personnes sensées défendre l’endroit.

Renka vérifiait régulièrement l’état du garçon qu’elle avait visité la veille et qui semblait s’améliorer. Il se réveilla finalement le lendemain après que la substance empêchant sa blessure de se refermer n’ait finalement été contrée. Renka évita d’aller le voir le jour-même, elle préférait attendre le feu vert des médecins, ne souhaitant pas gêner le rétablissement du garçon qui, bien qu’énervant et incapable de faire preuve de bon sens, ne méritait clairement pas ce qu’il lui était arrivé.

Ce n’est que deux jours plus tard que les visites de la part des agents d’Anti-Skill ne furent autorisées. Les premiers à aller le voir furent ceux qui voulaient l’interroger sur les événements l’ayant conduit là où il était et, lorsqu’ils furent sortis, c’est Renka qui entreprit de venir le voir.

Entrant dans la pièce après avoir frappé, la jeune femme posa son regard froid sur le jeune homme toujours alité. Sans un mot, elle croisa les bras et alla ouvrir les volets toujours fermés de la chambre et resta devant la fenêtres quelques instants, tapotant son index sur son bras tout en regardant dehors, trahissant son exaspération et le fait qu’elle réfléchissait à ce qu’elle devait dire. Finalement, au bout de presque une minute de silence lourd, l’agent d’anti-skill soupira longuement avant de se tourner vers le jeune homme. Tout un tas de menaces et d’invectives passèrent dans son esprit mais finalement elle desserra ses mâchoires et laissa échapper un simple :

-« Tu m’expliques ? » sur un ton froid et cassant indiquant qu’elle n’accepterait pas le moindre refus ni le moindre mensonge si elle en décelait un.

Izayoi semblait sur ses gardes. Il semblait évident qu’il cherchait une porte de sortie, un moyen de pouvoir justifier ce qu’il avait fait pour ne pas en subir les conséquences. En à peine quelques instants il avait su se fabriquer en hâte un véritable mur pour se protéger du châtiment que Renka lui avait promis si elle apprenait qu’il avait été pris à nouveau à faire n’importe quoi ou à se mettre en danger.

L’agent d’Anti-Skill savait ce qui s’était passé dans les grandes lignes, ou plutôt ce que tous les témoins, y compris Izayoi, avaient bien voulu raconter. Elle savait que le jeune garçon s’était battu avec un meurtrier au couteau et que finalement il avait perdu et s’était fait poignarder. Elle savait aussi que la blessure avait eu beaucoup de mal à se refermer pour une raison inconnue encore et que le meurtrier faisait partie de quelque chose de bien plus grand et avait participé à une attaque d’envergure contre la cité et dont l’objectif restait encore à déterminer.

Au final ce n’était pas tellement les faits exacts qui intéressaient Renka, elle laissait ses collègues gérer l’enquête pour le moment, mais plutôt les raisons et les circonstances exactes qui avaient mené Izayoi dans cette chambre d’hôpital. Elle fixa le garçon quelques secondes après lui avoir demandé d’expliquer et sa barrière sembla s’effondrer en un instant, au point qu’il baissa finalement les yeux avant de répondre.

« Je… » Commença-t-il, les mots peinant à sortir « J’étais en colère, mais plus que tout j’avais peur… Je… Je ne suis pas un lâche ! Je ne veux pas être une lâche ! Je sais… je sais que c’était stupide, mais… mais j’ai préféré agir sous l’impulsion de la colère que de fuir… Je… Je n’ai pas tenu ma parole. Je suis désolé…vraiment désolé… »

Renka écoutait attentivement, n’esquissant pas le moindre mouvement tant elle était concentrée pour bien saisir la réelle portée de ces paroles. Une fois le discours terminé, elle cligna des yeux et se redressa en soupirant longuement.

-« Je vois… » souffla-t-elle en revenant se mettre devant la fenêtre, les bras croisés.

Il n’avait pas réussi à se tenir éloigné des soucis mais, étrangement, Renka n’arrivait pas à lui en vouloir. Au contraire même, il n’avait pas agi de façon stupide ou simplement pour s’amuser à jouer les héros. Il avait pris conscience de la situation et avait tout de même décidé de se battre, de faire face à la menace et, même s’il était vrai qu’il aurait dû fuir, peut-être cela avait au moins pu sauver la vie des autres personnes présentes.

Renka regardait au loin dehors, cherchant la réponse à donner à tout ça et, finalement, au bout de quelques dizaines de secondes, elle entreprit une réponse.

-« Bon très bien, j’accepte ce que tu m’as demandé. » dit-elle avant de se tourner vers le garçon pour s’expliquer. « Je vais t’entraîner au combat. Mais je te préviens, tu n’as pas intérêt à me décevoir et ça ne va clairement pas être une partie de plaisir. On commence dès que tu es rétabli, compris ? »

La visite ne dura pas beaucoup plus longtemps et, après avoir laissé son nouvel élève poser ses questions s'il en avait ou émettre ses objections s'il avait changé d'avis, elle reprit sa ronde dans l'hôpital comme si de rien n'était.


La suite de la consultation de la liste ne lui offra pas d'autres surprises, heureusement. Elle ne s'attendait pas à revoir le garçon et encore moins à finalement accepter de l'entraîner mais elle était persuadée qu'il n'utiliserait pas ce qu'il allait apprendre pour faire le mal et que cela lui permettrait probablement de survivre un peu plus facilement vu son tempérament.

Cela dit Renka avait été honnête lorsqu'elle lui avait dit qu'elle ne pensait pas être la meilleure personne pour ça et, même si elle était prof d'anglais maintenant, elle doutait de sa capacité à enseigner l'art du combat à un tel gamin. Il lui faudrait bien réfléchir sur la façon de procéder et sur l'ordre dans lequel elle allait lui apprendre les choses mais il était certain qu'elle devrait se débrouiller pour imposer à son nouvel élève une discipline nouvelle.


Le soir, une fois relevée de sa garde à l'hôpital, Renka se dirigea au bureau d'Anti-Skill et se renseigna le plus possible sur l'affaire et son avancement. Il n'y avait pas tellement de progrès et une visite dans la salle des preuves lui confirma que les agents pataugeaient et ne savaient véritablement pas ce qu'il s'était passé. Ils avaient gardé la moindre preuve et Renka retrouva même le téléphone d'Izayoi qu'ils gardaient comme pièce à conviction après que ce dernier l'ait prêté à un des suspects dans cette affaire. Il y avait ça, des fragments de choses à peine reconnaissables, tout un tas d'objet et surtout la fameuse dague du tueur qui semblait provoquer des blessures qui ne se refermaient pas...


Le lendemain, Renka ne fut pas affectée à la surveillance d'un des établissements mais à la recherche d'indices ou de quoi que ce soit dans les lieux entourant le heaven's canceller. Elle se doutait qu'elle ne trouverait rien après tout ça mais chercha à recouper les divers témoignages pour essayer de comprendre le cheminement des soldats et la manière par laquelle ils avaient pu entrer et circuler si librement dans la cité.

Une fois à la pause du midi, l'agent d'anti-skill se dirigea à nouveau dans l'hôpital jusqu'à atteindre la porte de la chambre de son élève et frappa avant d'entrer une fois l'autorisation obtenue. Elle fit un bref salut de la tête au jeune garçon et vint déposer un sac plastique sur son lit avant de l'éloigner et de s'adosser au mur du fond en croisant les bras.

-"Il paraît que tu sors demain matin, tu te remets vite. Je t'ai apporté quelques fruits et légumes histoire de t'aider à te remettre sur pieds et un téléphone avec carte prépayée vu que je n'ai pas réussi à récupérer le tien chez anti-skill... Je sais pas trop où on pourrait faire nos séances d'entraînements alors je te laisserai déterminer le lieu et le moment du premier rendez-vous une fois sorti d'ici, j'ai déjà enregistré mon numéro dans ton téléphone. Ne tarde pas trop ou je considérerai que tu as changé d'avis et que tu ne veux pas de mon entraînement, compris ?"

« Bonjour Nishimura-san, je me sens en pleine forme et prêt à débuter l’entraînement ! J’ai trouvé le lieu parfait, je l’ai mis en pièces jointe. Bonne soirée et à demain, vers 19h ? »

Au moins il n’avait pas trop traîné. Cela ferait à peine trois jours qu’il serait sorti de l’hôpital lorsque l’entraînement débuterait. Cela dit, la médecine de la cité scolaire permettait clairement un rétablissement total même en une période aussi courte et il n’y aurait aucun problème à débuter un entraînement -même intensif- directement après sa sortie. Et puis cela montrait qu’il était motivé. S’il avait envoyé le message directement en sortant de l’hôpital cela aurait montré qu’il était plus impatient qu’autre chose et manquait peut être de sérieux et l’attente n’avait pas non plus été trop longue.

Regardant le lieu qui avait été envoyé, Renka grimaça un instant avant de ranger son téléphone dans sa poche et de pousser le suspect dans le fourgon d’Anti-Skill et de monter à son tour. Les événements récents avaient mis Anti-Skill et toutes les forces de l’ordres chargées de la protection de la cité sur le pied de guerre et, même si très peu d’informations sur l’opération qui avait été menée n’avaient pu être trouvée, cela avait permis aux dirigeants de justifier une plus grande flexibilité quant aux réelles raisons pour l’arrestation de toute personne suspectée de faire quoi que ce soit.

Ainsi, toute personne qui échappait à la justice depuis trop longtemps faute de preuves trouvées se retrouvait accusée d’avoir participé à une opération visant la sécurité de la cité scolaire et de ses occupants et, même s’il était prouvé assez vite qu’il n’en était rien, l’enquête qui suivait permettait de mettre au jour tout ce qu’il fallait pour l’incarcérer pour les motifs dont il était accusé avant tout ça. C’était un peu discutable d’un point de vue éthique mais Renka ne comptait pas s’opposer aux ordres, surtout s’ils permettaient de rendre les rues de la cité plus sures.

Du coup, il y avait trois personnes menottées dans le fourgon cette fois, toutes accusées auparavant de trafique illicite ou d’agressions répétées et aujourd’hui arrêtées pour une soi-disant participation à une attaque terroriste. Tout cela allait rapidement être démenti mais la fouille désormais autorisée de leurs appartements et autres lieux fréquentés permettraient très certainement de les faire plonger pour ce dont ils étaient vraiment accusés à l’origine.


Depuis que Renka avait annoncé à Izayoi qu’elle comptait l’entraîner, elle avait fait pas mal de recherches sur les meilleures méthodes d’entraînement pour les débutants en combats. Elle n’avait pas eu l’occasion de le voir vraiment se battre mais vu comment s’étaient terminés les deux combats dont Renka avait connaissance, il était certain que ce n’était pas un champion dans l’art du combat. Il s’était fait prendre en otage lors de leur première rencontre et s’était fait poignarder lors de l’attaque d’un étrange meurtrier masqué dont le corps avait été retrouvé, totalement criblé de balles, dans le hall du Heaven’s Canceller. Il fallait l’entraîner et lui donner aussi une certaine discipline dont il manquait cruellement et un plus grand sang-froid. Il y avait fort à faire mais la jeune agente d’Anti-Skill savait qu’il avait un vrai potentiel.


Le lendemain, après les cours, Renka se dirigea vers le lieu du rendez-vous avez une avance assez confortable. Approchant de l’endroit choisi par son nouvel élève, Renka soupira longuement et vint se mettre sous le pont surplombant un grand terrain-vague. Regardant sa montre, Renka constata qu’elle avait 15 minutes d’avance et vint s’adosser au mur avec les bras croisés comme un dealer attendant un client, ce qui convenait plutôt pas mal à l’endroit dans lequel elle se trouvait.

Dix minutes plus tard, la silhouette blonde d’un jeune garçon se dessina au loin et il descendit la pente menant de la route à l’endroit où se trouvait Renka pour venir la saluer.
« Bonjour, Nishimura-sensei. Je suis prêt pour l’entraînement ! » dit-il avec un ton plutôt enjoué.

Renka fit un simple signe de tête en guise de réponse et s’écarta du mur avant de placer ses mains sur ses hanches, observant le garçon de haut en bas.
-« Bon au moins tu n’es pas en retard. On va pouvoir commencer mais avant deux-trois petites choses. Déjà c’est quoi cet endroit ? Quand j’ai dit un lieu pour faire nos entraînements je parlais d’un stade, d’une salle d’entraînement ou n’importe quoi. On est là pour s’entraîner, par pour faire de la contrebande ou je ne sais quoi… » commença-t-elle avant de s’arrêter un instant et de soupirer « Bien. Tout d’abord j’ai besoin de savoir si tu fais déjà d’autres sport à côté et à quelle fréquence. Ensuite j’aimerais savoir si tu as, disons… De l’expérience dans les combats d’une manière générale. Est-ce que tu as déjà pratiqué un sport de combat ? Suivi un entraînement spécial ou est-ce que tu as simplement l’habitude de te battre ou tes deux dernières… tentatives sont tes seules expériences dans le domaine ? »

Renka attendit les réponses avant de continuer. Il était important de tout mettre au point avant de commencer, il était hors de question de se hâter et le garçon devait prendre conscience de ce qui l’attendait car la jeune femme ne comptait pas perdre son temps s’il comptait abandonner en se rendant compte de la difficulté de ce qui l’attendait.

-« Bien. Maintenant si je dois t’entraîner je vais mettre certaines conditions. Vois-ça comme un règlement à suivre. Tout d’abord, tout ce que je vais t’apprendre ne doit être utilisé qu’en cas de force majeure, pour te défendre ou défendre quelqu’un. Je pense pas que tu sois le genre à en abuser mais si tu abuses de ce que je vais t’apprendre, sache que je serai la première à venir te passer les menottes pour t’emmener au poste. Ensuite, avec et avant l’entraînement au combat en lui-même il va y avoir beaucoup de musculation et avec ça il doit y avoir un régime alimentaire strict et riche. Plus de sucreries, de trucs gars ou quoi que ce soit. Pas de glace pour te récompenser de tes efforts ni rien de ce genre, tu vas suivre un régime que je vais te donner et tu t’y tiendras sinon ça ne pourra pas marcher et on arrêtera là. Troisièmement, pas de retard ou d’absence sauf en cas de forces majeures. Et quand je parle de forces majeures c’est pas un coup de fatigue ou quoi que ce soit, si tu peux te lever et marcher c’est que tu dois venir à l’entraînement. Quatrième règle, ne fais pas d’excès de zèle, l’entraînement sera déjà très lourd et fatigant. Limite-toi à ce que je te dirai de faire et ne vas pas plus loin, tu risquerais juste de te blesser. Et enfin, si j’apprends que tu ne respectes pas une de ces règles, il n’y aura pas de deuxième chance et ce sera terminé. Compris ? »

-« Bon au moins tu n’es pas en retard. On va pouvoir commencer mais avant deux-trois petites choses. Déjà c’est quoi cet endroit ? Quand j’ai dit un lieu pour faire nos entraînements je parlais d’un stade, d’une salle d’entraînement ou n’importe quoi. On est là pour s’entraîner, par pour faire de la contrebande ou je ne sais quoi… »

A ces paroles l’adolescent tourna la tête de gauche à droite, observant les alentours, le lieu de rendez-vous. Elle marquait un point, c’était le genre de lieu où les délinquants se retrouvaient pour régler leurs comptes à coup de poing ou de fusils. La prochaine fois autant choisir une salle d’entrainement de boxe, y’avait un peu de tout et puis on est à la citée scolaire…ça doit être trouvable assez facilement.

« Je suis désolé, je n’y avais pas pensé…je trouverais un meilleur lieu la prochaine fois. »

-« Bien. Tout d’abord j’ai besoin de savoir si tu fais déjà d’autres sport à côté et à quelle fréquence. Ensuite j’aimerais savoir si tu as, disons… De l’expérience dans les combats d’une manière générale. Est-ce que tu as déjà pratiqué un sport de combat ? Suivi un entraînement spécial ou est-ce que tu as simplement l’habitude de te battre ou tes deux dernières… tentatives sont tes seules expériences dans le domaine ? »

Ce genre de question était tout à fait normal, elles étaient nécessaires pour s’organiser un minimum. Même si elles étaient un peu délicates sur certains points.

« Récemment j’ai repris le basket-ball en club à Eiri. On a entrainement tous les jours et je vais souvent jouer le week-end. »

C’était la partie « facile », il fallait maintenant s’attaquer à la partie « difficile ». L’adolescent marqua une légère pause, devait-il lui parler de ça ? Nishimura-san était un agent d’anti-skill, avec un peu de recherche, elle devrait être facilement au courant de cette fameuse histoire dans ce pauvre magasin de glace.

« Je n’ai jamais pratiqué de sport de combat, mais j’ai déjà affronté des skills-out comme ils ont tendance à me poursuivre…haha… »

Un sourire un peu forcé apparut sur le visage du jeune homme, cette journée avait été affreuse. Elle s’était bien terminée et heureusement pour lui il avait rencontré Alexandra. La journée avait fini sur une bonne note, mais il se souviendra toute sa vie de cette dizaine de skill-out à ses trousses. Les yeux de l’adolescent se posèrent sur son poing.

« Habituellement j’active mon pouvoir et j’essaye de viser la mâchoire ou la tempe et ça le mets KO. »

Oui…la plupart du temps, c’était aussi simple que ça, mais il y avait deux personnes sur qui cela n’avait pas fonctionné. Omettre une part de vérité n’était pas utile, si elle veut le savoir, elle pourra facilement avoir les informations.

« Il y a deux personnes sur qui ça n’a pas fonctionné…Akutoku a utilisé son pouvoir pour se protéger et…le fou furieux s’est relevé comme si de rien n’était. »

Il ne se battait pas souvent, seulement en cas de légitime défense, mais ces deux personnes étaient les seuls qu’il connaissait et qui avait pu résister à son « one hit kill » qui l’avait sauvé un bon nombre de fois de certains skill-out. Il leva les yeux vers Nishimura-sensei avec un air un peu abattu.

« Je suppose…non, je suis sûr que même sans les fumigènes, il aurait fini par m’avoir et me poignarder… »

Le blondinet cligna des yeux, il s’était laissé aller à rentrer dans les détails. Elle était probablement au courant de la majorité des choses dont il avait parlé, mais si jamais elle avait la moindre question, il était sûr qu’elle n’hésiterait pas à lui demander plus tard.

« Je crois que j’ai tout dit. »


-« Bien. Maintenant si je dois t’entraîner je vais mettre certaines conditions. Vois-ça comme un règlement à suivre. Tout d’abord, tout ce que je vais t’apprendre ne doit être utilisé qu’en cas de force majeure, pour te défendre ou défendre quelqu’un. Je pense pas que tu sois le genre à en abuser mais si tu abuses de ce que je vais t’apprendre, sache que je serai la première à venir te passer les menottes pour t’emmener au poste. Ensuite, avec et avant l’entraînement au combat en lui-même il va y avoir beaucoup de musculation et avec ça il doit y avoir un régime alimentaire strict et riche. Plus de sucreries, de trucs gars ou quoi que ce soit. Pas de glace pour te récompenser de tes efforts ni rien de ce genre, tu vas suivre un régime que je vais te donner et tu t’y tiendras sinon ça ne pourra pas marcher et on arrêtera là. Troisièmement, pas de retard ou d’absence sauf en cas de forces majeures. Et quand je parle de forces majeures c’est pas un coup de fatigue ou quoi que ce soit, si tu peux te lever et marcher c’est que tu dois venir à l’entraînement. Quatrième règle, ne fais pas d’excès de zèle, l’entraînement sera déjà très lourd et fatigant. Limite-toi à ce que je te dirai de faire et ne vas pas plus loin, tu risquerais juste de te blesser. Et enfin, si j’apprends que tu ne respectes pas une de ces règles, il n’y aura pas de deuxième chance et ce sera terminé. Compris ? »

Comme prévu, il y aura un règlement à respecter. C’était compréhensible et cela ne le dérangeait pas du tout, à une chose près : le régime alimentaire. L’adolescent est connu comme un gros consommateur de parfait à la fraise, c’est un acteur très important de cette partie de l’économie de la citée scolaire…lui interdire des parfaits, c’était de la torture et cela va grandement diminuer les chiffres d’affaires de certain magasin.

« Euh…sensei ? »

Il marqua une légère pause, elle l’avait dit « sinon ça ne pourra pas marcher », c’était clair. Si elle disait cela, c’était pour une raison, elle savait ce qu’elle faisait. Ce n’était pas la bonne mentalité, il lui avait demandé de l’aide et elle avait accepté, c’était pour son bien…suivre ce qu’elle dit était la meilleure solution. Le blondinet expira légèrement avant d’afficher un petit sourire et de prendre la parole.

« Non, c’est bon. Manger des parfaits à la fraise va me manquer, mais je respecterais votre règlement à la lettre. »

C’était un mal pour un bien, c’est ce qu’il y avait de mieux à faire s’il voulait s’améliorer ! Pas qu’au combat, mais aussi physiquement pour son sport favori. Il pouvait toujours en manger de temps en temps après sa période d’entrainement, exactement ce n’était qu’une pause pour le roi des parfaits, une pause le temps de se renforcer physiquement.

« Yosh ! Je suis prêt à m’entraîner, sensei. »

Déclara l’étudiant d’Eiri avec un sourire assez jovial et confiant, mais il n’avait en réalité aucune idée de l’enfer qui l’attendait pendant cette session d’entraînement.

* Bien * pensa Renka. Le garçon n’était pas un sportif de haut niveau non plus mais il pratiquait un sport tous les jours et c’était déjà ça, même si c’était un sport d’équipe il devait probablement faire des échauffements et un peu de musculation. Cela dit il ne fallait pas qu’il s’attende à ce que son entraînement ne l’ait préparé à ce qui l’attendait maintenant, l’entraînement de Renka s’approcherait le plus possible d’une version accélérée et optimisée de l’entraînement militaire qu’elle avait suivi. Ce serait plus éprouvant que tout ce qu’il avait vécu et lorsqu’il n’allait pas s’entraîner il devrait luter contre les courbatures que tout cela amènerait. Qui plus est il était seul et n’aurait pas de camarades dans le même bateau pour se soutenir mutuellement.

Cela dit il était nécessaire pour Renka d’évaluer encore la mentalité exacte de son nouvel élève. Il était hors de question qu’il n’utilise ses nouvelles connaissances pour faire quoi que ce soit de mauvais et il fallait s’assurer qu’il réagirait mieux à la pression désormais. Il s’était déjà jeté de face contre un adversaire armé pour ne pas fuir et il était hors de question qu’il ne perde à nouveau son sang froid un jour, elle y veillerait.

Cette première séance allait être la première d’une longue série et elle serait probablement parmi les plus éprouvantes. Le but d’aujourd’hui n’était pas de renforcer le physique ou le mental du gamin mais de tester ses limites et il faudrait le pousser à bout pour ça. Pour ce faire, l’ex-militaire avait apporté un gros sac de sport contenant tout le matériel dont elle allait avoir besoin.

« Je n’ai jamais pratiqué de sport de combat, mais j’ai déjà affronté des skills-out comme ils ont tendance à me poursuivre…haha… » Renka fronça légèrement les sourcils à cette déclaration mais préféra s’abstenir de répondre mais la phrase suivante la fit réagir un peu plus. « Habituellement j’active mon pouvoir et j’essaye de viser la mâchoire ou la tempe et ça le mets KO. »

« Il y a deux personnes sur qui ça n’a pas fonctionné…Akutoku a utilisé son pouvoir pour se protéger et…le fou furieux s’est relevé comme si de rien n’était. Je suppose…non, je suis sûr que même sans les fumigènes, il aurait fini par m’avoir et me poignarder… »

Renka fit particulièrement attention aux réactions du blondinet pendant l’énonciation des règles qu’elle avait définies. Elle se doutait qu’il ne serait pas satisfait par tout ce qu’elle imposait mais ne comptait absolument pas changer ce règlement quoi qu’il puisse en dire.

Etrangement c’est la partie sur le régime alimentaire qui sembla le plus faire réagir le garçon. Ce dernier se crispa légèrement en attendant la fin de la liste de règles avant de prendre la parole sur un ton hésitant.

« Euh…sensei ? » commença-t-il ce qui fit plisser les yeux à la sensei en question qui se demandait ce que le garçon pouvait bien trouver à y redire.

« Non, c’est bon. Manger des parfaits à la fraise va me manquer, mais je respecterais votre règlement à la lettre. »

*Des parfaits à la fraise ? Mais de quoi diable est-ce qu’il parle ?* Pensa-t-elle, s’abstenant de tout commentaire.

« Yosh ! Je suis prêt à m’entraîner, sensei. » dit-il avec un air enjoué ce qui fit se former un sourire un peu amusé sur le visage de la nouvelle entraîneuse.

Croisant les bras sur son torse, Renka hocha légèrement la tête avant de plonger sa main dans son sac pour en sortir une série de plots. S’avançant un peu dans le terrain vague, la « sensei » alla placer deux lignes de plots à 50 mètres l’une de l’autre avant de faire signe à son nouvel élève de venir se placer derrière l’une d’elle avant de s’écarter pour l’observer, prenant dans la main un chronomètre.

« Bien. Pour commencer on va faire simple. A mon top tu vas aller jusqu’à traverser l’autre ligne et te préparer à repartir. Tu as une minute pour faire les 50 mètres et à chaque fois le temps sera réduit. A chaque top tu devras repartir dans l’autre sens, si à un de mes tops tu n’es pas derrière la ligne, tu es éliminé. Ok ? Oh et cinquième règle tant que j’y pense. Pas de pouvoir tant que je ne t’en donne pas l’autorisation, compris ?  Allez, top ! » dit-elle en déclenchant le chronomètre.

Cet exercice, bien que basique, avait plusieurs avantages et objectifs. Premièrement cela permet de voir si Izayoi était capable de s’économiser suffisamment pour aller assez loin dans l’entraînement sans s’épuiser inutilement. Ensuite cela donnerait une bonne idée de son endurance puisque l’exercice n’avait de fin que lorsque la difficulté dépasserait les capacités du garçon et enfin cela permettrait de voir s’il était vraiment capable de se donner à fond ou pas.

Renka attendit donc une minute avant de redémarrer le chrono et de le relancer en criant son « top », attendant 50 secondes, puis 40 et 30, descendant de 10 en 10 jusqu’à atteindre les 20 secondes où elle ne descendit plus que de 5 en 5 jusqu’à atteindre 10 secondes et descendre de seconde en seconde.

Le tout était de savoir jusqu’où le garçon serait capable d’aller autant physiquement que mentalement. De tous les exercices d’aujourd’hui dépendrait la suite, savoir jusqu’à quel niveau elle devrait descendre.

Renka soupira lorsqu’elle vit le garçon qu’elle entraînait partir à toute allure dès le début de l’entraînement. S’il commençait comme ça, il allait à peine dépasser le 15 secondes mais, heureusement, il comprit rapidement son erreur et ajusta son allure pour pouvoir tenir le plus longtemps possible et économiser son énergie pour les sprints futurs. Le moins qu’elle pouvait dire, c’est qu’il tenait la forme. C’était probablement dû à son entraînement pour le basket et aux séances de musculation qu’il y faisait avant au début de chaque entraînement.

Le chrono finit par atteindre 10 secondes, puis 9 et s’arrêta finalement sur 8 secondes, le garçon s’arrêtant lorsqu’il vit qu’il était éliminé et s’écroulant sur les fesses. L’entraîneuse rangea le chrono dans sa poche et s’approche du garçon qui était à bout de souffle. C’était pas trop mal à vrai dire pour un début.

« Waaaaah… je… j’avais oublié ce détail… J’ai plus aucune endurance… » dit-il en voyant sa sensei approcher.

Haussant les épaules, Renka le fixa de son regard froid tout en croisant les bras, ne faisant même pas mine de lui tendre la main pour l’aider à se relever.

-« Allez debout, on ne fait que commencer. Ne t’assois pas comme ça après un exercice, marche plutôt. Si tu te relâches totalement après un tel effort tu vas avoir beaucoup plus de mal à repartir. »

Renka alla ramasser les plots qu’elle avait disposés pour faire la ligne de départ et la ligne d’arrivée puis revint vers son gros sac pour les ranger, réfléchissant à l’ordre dans lequel elle allait lui faire faire ses exercices. Soudain elle fut interrompue dans ses pensées par son jeune élève qui lui posa une question qui fit légèrement sourire Renka d’amusement.

« Au fait sensei, quand vous avez dit… Quand vous avez dit que je ne pourrais pas utiliser mon pouvoir sans votre autorisation, vous parliez à l’entraînement ou tout le temps ? » demanda-t-il en essayant de ne pas paraître trop essoufflé.

Se tournant vers lui, Renka prit un moment de pause avant de répondre le plus posément du monde.
-« Eh bien pendant les tests et les moments où tu en as besoin à l’école tu peux toujours l’utiliser, mais de toute façon le reste du temps c’est interdit donc je ne comprends pas bien ta question. Pas de pouvoir pendant l’entraînement et toujours pas de pouvoir hors moment explicitement autorisé, donc plus ou moins tout le temps, oui. C’est plus clair comme ça ? » dit-elle sur un ton un peu cassant et accusateur. « Maintenant, histoire de reposer un peu tes jambes, on va faire de la planche puis des pompes. 2 séries de 10 pompes suivies d’une minute de planche et on recommence. On va faire ça trois fois pour commencer, je te sors un tapis, j’ai pas envie que tu te coupes sur des bouts de verres qui traînent par terre… »

Puis Renka alla vers son sac et sortit un tapis d’entraînement en mousse enroulé qu’elle vint dérouler sur le sol avant de faire signe au garçon de se mettre dessus pour commencer. Puis elle retourna à son sac et lui lança une bouteille d’eau pour qu’il boive, bien s’hydrater était probablement le plus important dans ces moments-là. Puis l’entraînement commença. Renka poussa pour qu’il recommence jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus, ne l’épuisant pas totalement non plus mais pas loin. L’objectif était simplement d’évaluer ses compétences actuelles, pas de juste le torturer de façon semi-pédagogique.

Tout ça se passa sous la surveillance de Renka qui se contentait de remarques acerbes lorsqu’il ralentissait pour le pousser à maintenir une cadence rapide sans se laisser aller. Izayoi se donnait visiblement à fond pour remplir les objectifs fixés par sa prof ce qui convenait totalement à Renka qui commençait à se dire qu’elle pourrait obtenir quelque chose de lui finalement. Le but de cette séance était autant d’évaluer son endurance que sa force brute mais aussi sa volonté et savoir s’il était capable d’aller jusqu’au bout sans défaillir et pour le moment, rien ne semblait indiquer le contraire. Il ne restait plus qu’à voir comment tout allait évoluer…

Lorsque l’entraînement prit fin, maître et élèves partirent en direction du premier distributeur de boissons venu après l’invitation de Renka. C’était la première séance de ce qui allait être un long et lourd entraînement, juger de l’état d’esprit de son élève à ce sujet était primordial pour savoir quoi faire ensuite.

Le jeune garçon c’était vraiment bien débrouiller. Loin de la forme physique qu’on demandait à un militaire il était tout de même vraiment doué. Plus que ce que Renka aurait pensé en tous cas. Ils ne partaient pas de trop loin et il serait possible d’avancer assez rapidement pour permettre au garçon de prendre ses premières leçons de combat assez rapidement s’il donnait vraiment du sien.

Arrivant devant le distributeur, Renka alla récupérer un jus de fruits pour son élève et prit un café de son côté. Tendant la boisson fraîche à son élève qui s’était assis en la regardant, elle recula ensuite de quelques pas en silence, attendant de voir si le garçon avait quelque chose à dire.

« Sensei…je…Euh….j’ai beaucoup de question qui me trotte la tête….et je ne veux pas paraitre indiscret...mais vous ne ressemblez pas beaucoup aux autre professeur de la cité scolaire, vous êtes plus froide, plus calme aussi….Donc je voulais vous demander ce que vous faisiez avant d’arriver la citée scolaire ? »

Renka fixa un moment le garçon avant de détourner le regard et de lever les yeux au ciel. Ce n’était clairement pas le genre de question qu’elle attendait, pensant plutôt qu’il la questionnerait sur l’intérêt de l’entraînement d’aujourd’hui, ce qu’elle avait pensé de ses performances, le moment où ils commenceraient les vraies leçons de combat ou encore le contenu des prochaines séances. Au lieu de ça il avait préféré la questionner sur son passé.

Après tout c’était assez logique. Il allait passer plusieurs heures par semaines à suivre l’entraînement d’une femme dont il ne savait rien à part qu’elle était agent de judgement et qu’elle savait se battre. C’était parfaitement logique et légitime qu’il ne lui pose quelques questions sur ce qu’elle avait fait avant, ce qu’elle faisait et qui elle était.

-« J’ai pas vraiment un parcours incroyable. Si tu veux évaluer mes capacités de combat, disons que j’ai commencé la boxe très jeune et qu’avant d’arriver ici j’étais lieutenant dans l’armée japonaise. Et du coup j’ai rejoint la cité scolaire en tant qu’agent spécial d’Anti-skill et professeure d’Anglais. Voilà. »

Buvant une gorgée de sa canette, Renka soupira légèrement avant de reprendre en regardant son élève.

-« Je ne sais pas trop ce que tu recherches avec cet entraînement mais j’espère que tu as une vraie raison. Tu vas avoir besoin de volonté pour arriver au bout. Je compte sur toi pour ne pas me faire perdre mon temps. »

Le garçon resta silencieux un moment avant de lever les yeux au ciel ? Ce n’était pas plus mal qu’il prenne son temps pour répondre, la question était des plus sérieuse et il aurait été bête de répondre trop rapidement sans qu’il ne s’assure que c’était vraiment ce qu’il pensait. Il n’y avait pas de bonne ou mauvaise réponse à ça et même si la raison intrinsèque qui le poussait à demander cet entraînement était « superficielle », cela ne voudrait pas dire que Renka arrêterait de l’entraîner sur-le-champ pour autant. Le but de son interrogation était simplement de pousser Izayoi à se remettre en doute lui-même et à questionner sa propre motivation quant à tout ça.

D’ailleurs il n’était même pas obligé de se justifier, les raisons de ses actes le regardaient et il tout à fait le droit de les garder pour lui.

« Ce que je vais dire va probablement faire assez clicher haha… il faut être fort pour protéger les gens qui nous sont chères. Une personne lambda peut aider une autre personne, elle peut aussi protéger ce qui lui ait chère, ce qui lui est important.  On en vient donc à se demander : quelle est la différence entre une personne « forte » et une personne normale ? Le plus fort réussira plus souvent à protéger ceux qu’il aime ? »

Renka continuait de le fixer en fronçant les sourcils, ne comprenant pas tellement le fil de sa pensée. Il voulait devenir fort pour protéger ses proches en gros, c’est ça ? C’était effectivement assez cliché dans le genre, mais après tout il n’y avait pas de bonne ou de mauvaise raison et le fait que cette dernière soit originale ou non ne rentrait pas vraiment en ligne de compte.

« J’ai tendances à être assez malchanceux, à me mettre dans des positions pas croyables, mais je m’en suis toujours sorti jusqu’à présent. Commença-t-il, l’air légèrement morose, voire mélancolique. « Jusqu’à ce que je me fasse poignarder ce soir-là, de ce que je sais, ça a impliqué beaucoup de monde…dont des gens auquel je tiens… Haruhiro… Alexandra… ils ont risqué leur vie à cause de ce qui m’est arrivé, à cause de moi. »

Aaaah, voilà où il venait en venir. La culpabilité. La culpabilité d’avoir été un fardeau pour les autres. La culpabilité d’avoir mis en danger des gens auxquels il tenait par sa seule faiblesse et sa témérité. C’était un moteur comme un autre, parfois même très puissant. Lorsqu’on implique d’autres personnes dans sa détermination alors tout ce qu’on entreprend dépasse même notre seule volonté, on en vient à pouvoir se dépasser et à se relever lorsqu’on prend des coups pour ne pas perdre le regard de cette autre personne.

Décidément, ce garçon était bien différent que ce qu’il voulait bien montrer au premier abord. Lui qui paraissait si sur de lui au point d’en être stupidement téméraire cachait bien son jeu. En fait il était plutôt sensible dans le fond. A moins qu’il ne l’ignorait lui-même et fut obligé de le découvrir après cet événement pour le moins traumatisant… Soudain le garçon releva la tête et planta son regard dans celui de Renka, empli d’une détermination nouvelle.

« Comme je l’ai dit…Je ne veux pas être un lâche, mais je ne veux pas non plus faire souffrir mes proches…je veux les protéger. Donc…je souhaite être fort pour protéger mes proches aussi bien physiquement que mentalement, en étant assez fort pour rentrer auprès d’eux sans être dans un cercueil. »

Etouffant un léger rire, Renka garda un sourire en coin et détourna son regard pour fixer le lointain. Se protéger pour protéger les autres. C’était presque mignon de la bouche d’un garçon si jeune, comme quoi les expériences dures faisaient vraiment mûrir plus vite. Il n’y avait pas grand-chose à répondre à cela et Renka attendait simplement de voir ce que cela allait donner par la suite, si le garçon allait être un bon élève, un bon combattant et surtout si elle ne se trompait pas sur sa mentalité. Le pire qu’il puisse arriver étant qu’il utilise ce qu’elle allait lui apprendre à des fins égoïstes voire même illégales.

« J’aimerais vous demander où vous enseignée, mais je dois avouer que l’entrainement m’intrigue. Comment je m’en suis sorti ? Bien ?!...ou mal… ? Et pourquoi je n’ai pas le droit d’utiliser mon pouvoir pendant l’entrainement ? » dit-il, sortant Renka de ses pensées.

Soupirant longuement, Renka leva les yeux au ciel en réfléchissant un moment à ce qu’elle allait répondre à tout ça.

-« Tu t’es débrouillé. Pour ton pouvoir… En fait c’est assez simple, tu pourras atteindre un bon niveau bien plus vite avec ton pouvoir, voire même un très bon niveau pourquoi pas. Mais si tu augmentes ta maîtrise de toi et tes capacités au point d’avoir le même niveau qu’un vrai combattant sans pouvoir, alors lorsque tu l’utiliseras en plus tu devrais pouvoir dépasser à peu près n’importe qui. » dit-elle, marquant une pause le temps de mettre en forme la suite de ses pensées.

-« Tu n’es pas mauvais mais ta musculation a des lacunes, on voit bien que tu as travaillé surtout ton explosivité et tes jambes, ce que je peux comprendre vu le sport que tu fais. D’ailleurs tu m’as déjà expliqué que tu essayais de viser la tempe ou le menton de ton adversaire en envoyant tout pour le battre en un seul coup, ça correspond bien à ce que j’ai pu observer. Le truc c’est que dans un vrai combat contre quelqu’un de fort, c’est l’endurance et la maîtrise de soi qui permet de gagner. A poids égal et niveau équivalent, c’est le premier qui fatigue ou qui fait une erreur qui a perdu. Tu comprends ? »

Regardant à nouveau son élève en croisant les bras, Renka haussa les épaules avant de reprendre.

-« Enfin bon, si tu n’as pas d’autres questions on se retrouve la semaine prochaine pour continuer ? Là je te laisse un peu de repos mais on fera ça tous les lundis, les mercredis et vendredis soir si ça te va. Je te donnerai l’adresse d’un vieux club de boxe où j’étais déjà allée, on fera ça là-bas pour le moment. »

L’entraînement du garçon commença, un peu plus doux que le précédent mais plus long, quittant les quelques dizaines de minutes pour s’étaler sur plus d’une heure trente. Renka suivait les exercices d’un regard légèrement distrait, préoccupée par diverses pensées qui se dirigeaient toutes vers les événements qui l’avaient menée à dispenser gratuitement des cours régulier à un garçon qu’elle n’avait rencontré qu’une seule fois. Cela faisait plusieurs jours déjà et l’enquête ne semblait pas avoir avancé d’un pouce. Les instigateurs de tout ça n’avaient pas pu être identifiés et les étudiants qui avaient été les témoins de tout ça n’avaient finalement été que des dommages collatéraux dans cette histoire, des témoins visiblement gênants que l’on avait tenté de faire disparaître mais… pourquoi ?

Les interrogatoires avaient déjà été faits sur ceux qui étaient en état de répondre et pas trop sous le choc mais ils n’avaient rien pu dire de vraiment utile aux enquêteurs et les attaquants semblaient s’être assurés qu’il était impossible aux autorités d’intervenir à temps, que ce soit lors de la première ou de la deuxième attaque. Qu’est-ce que ces enfants avaient-ils bien pu voir qui risquait tant de mettre en danger les têtes pensantes de cette organisation ?

Izayoi avait, cette fois encore, visiblement donné son maximum pour chacun des exercices. Jusque-là c’était satisfaisant et Renka ne comptait pas lui en demander plus. Peu importait son niveau jusqu’ici, le but était justement de lui permettre de se défendre malgré le fait qu’il n’avait pas encore suivi de cours de combats et il était hors de question que l’agent d’antiskill ne se permette d’abandonner tant que le garçon ne l’aurait pas fait lui-même. Les jambes, les bras, les pectoraux, les dorsaux, les abdominaux, triceps, quadriceps, tout était mis à contribution au fil des exercices qui étaient chacun orienté sur une partie bien précise du corps histoire de tout fatiguer au même rythme.

Il n’y eut pas d’exercice de combat cette fois, malgré l’environnement qui aurait clairement pu s’y prêter, pour le moment le garçon n’avait droit qu’à de la musculation pure et dure. Jusqu'ici il n’avait pas l’air de s’en plaindre mais l’ex-militaire s’attendait clairement à quelques protestations d’ici quelques séances. Le cours s’acheva une fois tous les exercices terminés et Izayoi totalement à plat. Renka le fit se relever et tous deux retournèrent au rez-de-chaussée où un distributeur contenant la boisson qu’offrit Renka à Izayoi les attendait, visiblement toujours en marche depuis le temps puisque les boissons chaudes et froides l’étaient toujours.


Les entraînements suivants se déroulèrent plus ou moins de la même manière, le garçon étant toujours aussi engagé malgré quelques fois où il semblait plus fatigué que d’autres mais il avait droit d’avoir des semaines un peu compliquées après tout. Renka avait imposé un régime alimentaire strict au garçon qui permettait d’optimiser sa production de muscles en limitant au strict minimum la fabrication de graisses et évitant tout ce qui était la mauvaise graisse qui ne servait qu’à alourdir le corps et lui faire perdre en dextérité. L’expression « un esprit saint dans un corps saint » était respectée à la lettre et, si elle avait jugé que son esprit était plutôt pas mal de ce côté-là, elle s’était fait une mission de lui forger le corps saint dont il avait besoin.



De son côté, Renka enchaînait les grosses journées. Elle s’arrangeait au maximum pour être là lorsqu’elle devait donner cours au garçon mais, malgré ce qu’elle lui avait dit sur la ponctualité et le fait de ne pas rater de cours, elle fut assez rapidement contrainte de laisser le garçon se débrouiller, prenant un instant dans un des transports pendant une opération pour lui envoyer un simple « Bloquée sur une opé, mêmes exercices que la dernière fois » ou quelque chose du genre histoire qu’il ne l’attende pas pour rien. Elle avait confiance en lui et se doutait qu’il ferait les exercices avec presque la même assiduité que lorsqu’elle était là mais de toute façon s’il ne le faisait pas tout ce qu’il gagnerait c’est de perdre du temps.

Son travail de prof était toujours le même mais Antiskill ne semblait pas trop se calmer et continuait de profiter de la situation pour enfoncer autant de portes de suspects que possible même s’ils n’avaient rien à voir avec l’attaque. Au moins les rues étaient-elles plus sûres après tout ça, enfin… l’étaient-elles vraiment ? Bah, Renka, tout aussi à cheval sur la morale qu’elle l’était, ne comptait pas plaindre les dealers et autres malfrats d’habitude impunis qui avaient finis leurs journées derrière les barreaux, quelle que soit la raison invoquée pour pouvoir les arrêter.

Chaque fois qu’elle le pouvait, la jeune femme allait dans la salle des preuves ou dans les labos d’analyses pour aller écouter comment évoluait l’inspection des preuves et essayer de savoir où en étaient les recherches. Il y avait vraiment tout un tas d’objets qui avaient été récupérés, jusqu’à un couvercle de poubelle toute éraflée sur lequel on pouvait voir quelques traces de gouttes de sang récupérées par les scientifiques pour analyses. Renka faisait toujours le tour de tous les objets mais finissait immanquablement par s’intéresser de près à l’étrange dague qui avait été l’arme du type qui avait été abattu. En tous cas de ce qu’il en restait vu tout ce qu’il avait pris avant de tomber raide mort, surtout d’après les divers témoignages.

Plus elle venait et plus un des scientifiques semblait l’empêcher d’observer trop longtemps l’arme, la prenant devant elle en lui indiquant que ce n’était pas un objet d’art et qu’il avait besoin, pour la x ème fois besoin de faire une quelconque analyse dessus sans vraiment préciser de laquelle il s’agissait. Il était compréhensible qu’il ne s’énerve à force de voir encore et encore la même agent venir mais il semblait clairement s’agacer bien plus vite que tous ses collègues qui voyaient d’un œil plus agréable le fait qu’un agent ne s’intéresse autant au dénouement d’une telle affaire.

Un jour, deux semaines après le premier entraînement dans la salle de boxe, Renka passa une nouvelle fois dans la salle des preuves et, au lieu de trouver tous les objets posés à leur place, elle vit la dague brandie par le scientifique agressif qui semblait menacer un de ses collègues avec. Il avait l’air totalement hors de lui, les yeux exorbités et injectés de sang tant il les ouvrait grand en hurlant aux autres personnes face à lui de ne pas s’approcher de la dague. Remarquant que la jeune femme était entrée, il attrapa un des scientifiques par le cou et pointa la lame sur sa gorge en ordonnant à l’agent de ne pas approcher tandis qu’il reculait pour retourner dans le laboratoire.

Renka leva les mains, adoptant une attitude totalement passive pour ne surtout pas risquer de faire peur au scientifique fou afin qu’il n’abatte pas son collègue dans un accès de colère ou de peur. Ce dernier s’enferma dans la laboratoire, verrouillant la porte à quiconque souhaitait l’ouvrir de l’extérieur et Renka en profita pour donner l’alerte, faisant venir sur place tous les agents disponibles dans le bâtiment.

Malheureusement, et à cause des diverses opérations de surveillances qui continuaient partout dans la cité après l’attaque de l’autre nuit, il n’y avait alors qu’une poignée d’agents disponibles pour prêter main forte à Renka et parmi eux ne se trouvait aucun gradé.

- « Bon, la cible est un civil, un scientifique armé d’une dague et il tient trois de ses collègues en otage. Ces derniers ne devraient certainement rien tenter mais ils sont isolés avec lui pour le moment, il faut établir le contact pour pouvoir entamer les procédures de négociations et gagner assez de temps pour pouvoir faire évacuer les civils. » dit Renka en essayant d’oublier qu’elle et tous ses collègues connaissaient plutôt bien tous ceux dont elle parlait en en parlant comme elle l’aurait fait de n’importe quelle personne prise dans une telle opération.

Devenant, de fait, la dirigeante de l’opération, elle organisa toute la réaction de forces de l’ordre face à cette menace et prépara tout en suivant les procédures pour permettre le sauvetage des otages en premier lieu et l’arrestation du suspect en second. Tout d’abord, ils donnèrent une radio au scientifique en passant par l’espèce de trou dans la porte qui permettait d’ordinaire à une personne en tenue non stérile de donner des objets aux personnes se trouvant dans le laboratoire sans entrer et un des 7 agents fut assigné à la négociation.

Ils avaient tous suivis des cours de négociation dans leur parcours mais aucun d’entre eux n’était vraiment spécialisé dans le domaine. Ralliant tous les agents autour d’elle, Renka se lança dans un briefing pour leur exposer son plan d’action.

- « Bien. Le gars a coupé nos communications avec l’extérieur donc on va la jouer en solo sur ce coup. Okura, je t’ai déjà vu calmer des suspects pires que lui et gérer ce genre de situations, tu seras donc notre négociateur, prends la radio. Nagaoki, Kumiko et Kiyonari, vous êtes mes meilleurs tireurs. Prenez un fusil à lunette et allez dans l’immeuble d’en face. Utilisez l’état d’urgence pour les forcer à vous laisser prendre place aux fenêtres juste en face de celles du labo mais ne vous faites pas repérer par les cibles. Vous serez nos yeux pendant cette opération, compris ? Vous serez l’équipe Alpha. Kiyushi, Jackson et moi on va se diriger à l’étage du dessus et descendre en rappel pour passer par les fenêtres lorsque l’équipe Alpha nous donnera le signal. Nous serons l’équipe Bravo. Notre objectif prioritaire est le sauvetage de tous les otages. La survie de l’agresseur n’est pas une nécessité absolue, considérez cela comme un objectif secondaire. Tirez si vous voyez qu’il va blesser un des otages. Go ! »

Et tous s’exécutèrent. Renka se alla chercher l’équipement dont elle et son équipe auraient besoin et se dirigea à l’étage du dessus, installant tous les câbles qui leur permettraient de pouvoir descendre en rappel le long de la façade jusqu’à la fenêtre du laboratoire. Renka était équipée d’une pistolet de service classique, de deux flashbang et d’une fumigène. Tous dans son équipe portaient des lunettes de vision thermique, un ayant un tazer et l’autre l’imposant système à ventouse et explosifs légers qui serviraient à arracher d’un coup une des fenêtres blindées de l’immeuble. Renka avait obtenu pour ses tireurs chacun un des snipers expérimentaux de la cité scolaire qui n’auraient, d’après son expérience, aucun mal à traverser une simple vitre blindée même si la déflagration due à la balle risquait de déséquilibrer les agents en rappel ce qui forçait leur utilisation en dernier recours uniquement.

Attachant chacun leur harnais après avoir passé leurs gilets de protections normalement aussi utiles contre les armes blanches, Renka, Jackson et Kiyushi passèrent doucement par la fenêtre et descendirent discrètement jusqu’à la limite des fenêtres en dessous d’eux, donnant un spectacle plus qu’étonnant aux passants qui pouvaient voir des membres d’Antiskill prendre d’assaut leur propre bâtiment.

Lorsqu’ils arrivèrent presque à la fenêtre qu’ils ciblaient, les trois agents d’Antiskill se retournèrent pour se retrouver la tête vers le bas et installèrent discrètement dans les coins des fenêtres les tout petits explosifs et appliquèrent les ventouses sur la paroi, deux sur le mur et deux sur la fenêtre, permettant théoriquement à l’appareil d’arracher la fenêtre en un instant lorsque le signal serait donné. Une fois tout cela prêt, ils n’avaient plus qu’à attendre. Ils entendaient Okura et le scientifique parler, le premier essayant de gagner la confiance de l’autre et le calmant autant que possible tandis que l’autre semblait avoir totalement perdu tout contrôle de lui, menaçant ses collègues dès qu’il en avait l’occasion, cherchant presque à trouver une excuse pour pouvoir en attaquer un.

- « Ok, on attend que les bleus et les gars de l’administratif aient finis d’établir un périmètre de sécurité en bas et on donne l’assaut dès qu’il est éloigné des otages. »

L’attente sembla durer une éternité. Une éternité durant laquelle le sang lui montait aux tempes, la tête restant toujours à l’envers pour qu’elle puisse actionner le mécanisme dès que possible. Quelques minutes plus tard, elle reçut la confirmation que le périmètre était terminé et elle fit un rapide signe de la main à ses camarades qui appuyèrent chacun sur le bouton de l’appareil qu’ils avaient installé et qui commença doucement à arracher la fenêtre de ses joints, faisant un bruit qui était étouffé par les sirènes des voitures que Renka avait demandé de placer en bas exprès, donnant l’impression que les renforts étaient déjà là alors qu’ils étaient là uniquement pour faire du bruit.

Lorsque le mécanisme s’arrêta, la fenêtre était décollée sur le haut de l’équivalent de la largeur d’un poing serré et une nouvelle attente commença.

- « Je me fous de ces connards ! Ils… ils m’ont manqué de respect voilà ! Et il en paient le prix maintenant ! Je vais tous les buter avec cette dague et ce sera terminé ! On pourra reprendre le travail sans ces gêneurs qui refusaient de me laisser m’occuper de cette dague qui est clairement l’objet le plus important de tous ! »

- « Ok, ok, du calme. Pas la peine de les tuer, vous avez le laboratoire pour vous et on vous apporte tout le matériel dont vous avez besoin pour étudier votre arme. Venez à la porte je vous le fait passer, là. Voilà, prenez-le, après tout si vous voulez juste faire votre travail on est tous d’accord pour vous y aider. »

- « Maintenant ! » cria un des snipers à la radio.

Renka et ses deux collègues n’eurent même pas besoin de se regarder. Renka dégoupilla une flashbang et la glissa dans l’ouverture faite sur le haut de la fenêtre et les deux autres y jettèrent des fumigènes. Lorsque la flash explosa en faisant un bruit sourd, les explosifs placés aux coins des fenêtres explosèrent et propulsèrent ces dernières dans le vide, les laissant aller s’écraser dans la rue en contrebas. De leur côté, les trois agents se remirent dans le bon sens et firent un mouvement de balancier pour pouvoir entrer avec fracas dans la salle tout en activant les lunettes thermiques pour pouvoir voir malgré la fumée.

Il y avait 4 cibles et l’une d’elles en particulier fut affichée en surbrillance pour bien indiquer qu’ils s’agissait de celui qu’ils devaient neutraliser. Avançant en braquant son pistolet vers le suspect, Renka fit signe à un de ses collègues d’aller s’occuper des civils tandis que l’autre, braquant aussi le suspect avec son tazer, avançait à côté d’elle.

Lorsqu’ils arrivèrent suffisamment proches, Renka aboya au scientifique de lâcher son arme et de se mettre à terre mais se dernier commença à agiter la dague dans leur direction en espérant les blesser. Tout ce qu’il obtint c’est de se prendre une décharge électrique venant du tazer qui le fit tomber au sol et Renka se jeta sur lui, le plaquant sur le ventre et lui faisant une clé de bras pour le désarmer.

Se tournant tandis qu’elle passait les menottes à celui qui était jusqu’alors son collègue, Renka ordonna aux deux autres de faire sortir les otages de la salle totalement enfumée et les suivit, tenant le scientifique qui avait les mains attachées dans le dos et un pistolet sur la nuque mais qui se débattait encore violemment.

Tout se termina ainsi et, lorsqu’ils purent remettre les communications en marche, Renka et les autres appelèrent leurs supérieurs qui étaient déjà en chemin après avoir entendu parler par les médias du fait qu’une opération semblait avoir lieu dans les locaux. Lorsque ces derniers arrivèrent, tout était déjà fini et les quelques agents qui avaient participé à tout ça enlevèrent leurs équipements  avant d’aller faire leurs rapports.

- « … et c’est ainsi que j’ai pu menotter le suspect et le conduire en cellule. Tout s’est bien déroulé, aucune victime ni aucun blessé à déplorer. »

- « Eh bien Nishimura. Voilà qui est pour le moins surprenant. Je dois bien avouer que vous avez géré cette situation de crise avec brio. D’ordinaire nous aurions aimé étouffer l’affaire, une prise d’otage dans nos propres locaux et par un de nos employés, ce n’est pas exactement le genre de choses qu’on aime montrer aux civils mais votre petite escapade sur la paroi de l’immeuble n’est pas passée inaperçue et les vidéos qui en ont été faites ont déjà fait le tour des médias… Ils sont en bas et nous harcèlent pour pouvoir parler à ceux qui ont su agir lors de cette opération délicate. »

- « J’imagine que cette fois encore vous allez très bien vous en sortir avec tout ça. Je ne pense pas que vous ayez bes... »

- « C’est vous qu’ils demandent. » déclara le directeur à une Renka bouche-bée, ne s’attendant pas du tout à ce qu’on lui demande un jour d’aller parler aux journalistes. « Les vidéos vous montrent clairement entrain de descendre vers la fenêtre et donner des ordres aux autres avec les mains. Les médias ne veulent pas d’un porte-parole, ils veulent pouvoir parler du héros qui a su « sauver antiskill de l’intérieur » comme ils disent et… au vu de la situation, j’aurais tendance à le leur accorder. »

- « Sauf votre respect, je ne crois pas que ce soit... » tenta d’argumenter la jeune agent d’antiskill avant d’être coupée par son chef.

- « Les événements récents ont été désastreux pour l’imagne de sécurité que l’on veut donner aux gens autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la cité. Si on leur donne un héros, plutôt que de voir ce qui ne va pas, les gens auront plutôt tendance à voir quelles personnes fabuleuses sont là pour les protéger. Je compte sur vous pour incarner cette figure de sécurité, compris ? »

Renka marqua un temps de pause histoire d’être sure d’avoir bien compris et acquiesça. De toute façon il n’étais visiblement pas question de lui demander son avis dans cette histoire alors… Quelques minutes après, Renka était habillée dans son plus bel uniforme d’Antiskill, arborant à la poitrine les quelques décorations qu’elle avait obtenu en tant que militaire et depuis qu’elle officiait à la cité scolaire. Par chance, il n’y avait eu personne de présent dans les locaux pour la forcer à se coiffer et se maquiller avant de descendre parler devant virtuellement la totalité de la cité scolaire.

Le discours de Renka ainsi que les images amateures de l’intervention allaient tourner en boucle pendant des jours dans les divers JT et autres émissions de télé. Sortant finalement de l’immeuble d’Antiskill, Renka se retrouva face à une foule de curieux et de journalistes avec caméras et micros et elle s’avança pour répondre aux diverses questions en gardant bien à l’esprit que le but était de montrer qu’elle avait tout sous contrôle et qu’il n’y avait aucun problème.

Croisant son chef qui avait pris le temps de la présenter et d’expliquer brièvement la situation, Renka inspira profondément et tout commença.
- « Madame Nishimura, pouvez-vous expliquer ce qu’il s’est passé à nos téléspectateurs ?! » commença une des journalistes.

- « Je ne peux pas en dire beaucoup mais il semblerait qu’un homme se soit emparé d’une arme blanche et ait pris en otage trois scientifiques de la médico-légale, s’étant enfermé avec eux. »

- « Est-ce que ce que nous avons pu voir sur les images est une opération standard ou avez-vous pris quelques libertés quant à la manière d’appréhender le suspect ? Comment justifiez-vous le fait qu’aucun réel supérieur n’ait pu être présent pour diriger l’opération ? »

- « Les communications ont été coupées, probablement par un des scientifiques pris en otage ou par le suspect lui-même. J’ai donc dû prendre la direction des opérations, faute de mieux. Quant à la procédure… Sans être totalement standard, le fait que les locaux sont plus sécurisés qu’ailleurs m’ont forcée à prendre des dispositions plus drastiques. Cela dit, la sécurité des otages a toujours été ma priorité absolue et j’ai fait en sorte qu’aucun d’eux ne soit même blessé. Le suspect quant à lui, est actuellement incarcéré et interrogé par nos services afin que nous puissions mieux comprendre ce qui a pu le pousser à agir de la sorte. »

Et tout cela continua encore un bon moment durant lequel Renka tenta de garder son calme et essaya de ne pas dire un seul mot de travers. Elle était vraiment peu habituée à ce genre d’exercices et devait donc se concentrer au maximum, essayant de ne pas paraître mal à l’aise face à tout ça. Elle aurait préféré refaire ce genre d’opération cent fois plutôt que de devoir passer une minute de plus face à cette foule qui la jugeait autant que possible.



L’entraînement suivant avec Izayoi était deux jours plus tard. Attendant son élève au même endroit que d’habitude, elle le vit arriver, toujours un peu en avance, et lui fit signe d’entrer. Au fond d’elle-même, elle espérait qu’il n’avait pas la télé ni rien d’autre et qu’au moins lui avait pu échapper à tout ce battage médiatique autour de ce qui s’était passé. Au moment où il s’approcha d’elle, le téléphone de l’agent d’antiskill se mit à sonner. Prenant l’objet dans sa main, elle consulta l’écran pour voir de qui il s’agissait et, constatant qu’il s’agissait de son chef, décrocha en faisant signe à son élève d’entrer.

- « Nishimura Renka… Oui, bonjour monsieur… Non non, pas de problème… Oui… Comment ? Ah non, on n’a pas retrouvé la dague, non… C’est possible… Pardon ? Quand ça ? Oui d’accord… Oui, c’est un grand honneur… Ce ne sera pas un problème, ils comprendront… D’accord… Merci monsieur. » et elle raccrocha.

Restant un instant sans bouger à regarder son téléphone, Renka ne savait pas vraiment comment réagir. Elle avait besoin de se décharger de tout ça et la seule personne qui était présente et qu’elle connaissait dans un rayon de plusieurs kilomètres était dans la salle de boxe à côté d’elle. Entrant avec son téléphone dans la main et l’air légèrement absent, Renka se dirigea vers son élève et le fixa un petit instant mais pas de son sempiternel regard noir cette fois. Cette fois c’était plus… neutre on va dire.

- « T’as vu tout ce qui s’est passé à la télé, j’imagine. Je viens d’avoir mon chef, ils veulent faire un genre de cérémonie de décoration et me donner ma propre équipe… Mais t’en fais pas, ça devrait pas trop gêner ton entraînement… Je euh… Enfin bref, on y va ? » dit-elle en faisant signe à Izayoi de commencer l’entraînement habituel. « Je pense qu’on va pouvoir commencer à t’apprendre à te battre vraiment d’ici deux semaines si tu te donnes à fond. Ah et euh… la cérémonie est ouverte donc hésite pas à venir si tu veux. ‘fin je sais pas trop ce que tu pourrais faire là-bas mais bon. »

« Je serais là pour vous soutenir ! Et si vous avez besoin d’en parler, je suis là ! »

Le ton beaucoup trop enjoué du garçon et son air absolument sérieux face à ce qu’il venait de dire laissa Renka un peu perplexe. Décidément il lui était vraiment difficile de cerner totalement le garçon, son côté un peu naïf et mignon était totalement étranger à sa professeure qui était plutôt le genre à affectionner les personnes plus discrètes et réservées. Cela dit, ces paroles avaient quelques chose d’amusant, de presque touchant, en tous cas ç’aurait été le cas si Renka ne les avait pas trouvées complètement idiotes. Ou l’étaient-elles vraiment ? Cela ne faisait pas si longtemps que les deux s’entraînaient ensemble trois fois par semaine, peut-être que le garçon avait déjà tissé un lien avec sa professeure qu’elle n’avait pas vraiment vu ?

Toujours était-il qu’il enchaîna sans que l’agent d’antiskill ne souhaite répondre à ce qu’il venait de dire.
« Être traité comme un héro et recevoir une décoration est quelque chose que je trouve vraiment cool, mais ça doit vraiment être stressant nan ? Duuuu coup, je sais qu’on devrait attendre 2 semaines, mais je pense qu’agir en sparring partner pour Shisho serait une bonne méthode pour vous défouler et évacuer du stress. »

Fixant le garçon un moment, Renka fronça les sourcils, l’air suspicieux. Il était vraiment sérieux là aussi ? Qu’est-ce qu’il cherchait à faire ? Gardant le silence un instant, Renka cherchait vraiment à comprendre le sens des paroles du gamin, n’y comprenant pas grand-chose. Est-ce qu’il essayait de pousser pour se rapprocher d’elle ? C’était bizarre et gênant, surtout qu’il préjugeait très clairement de ce qu’elle ressentait à propos de tout ça. Ou alors il avait clairement mal interprété son invitation ? Peut-être pensait-il que cette invitation était surtout parce que la jeune femme avait besoin que son élève soit là ? Enfin, ça ou autre chose ça ne changeait vraiment rien et Renka ne pouvait s’empêcher de voir ça autrement que comme une simple tentative pour commencer l’entraînement au combat plus vite que ce qu’elle avait annoncé juste avant.

- « Bon allez, on y va. Musculation et tout le toutim, comme d’habitude. On commencera ton entraînement au combat dans minimum deux semaines, pas avant. » dit-elle sur un ton autoritaire, préférant lancer l’entraînement avant que le garçon ne lui sorte d’autres phrases qui la mettaient mal à l’aise. « Sparring partner, ce qu’il faut pas entendre... » murmura-t-elle finalement tout en s'éloignant.

L’entraînement se déroula comme d’habitude, à ceci près que de nouveaux exercices vinrent se greffer aux anciens. Des exercices de concentration et de maîtrise de soi en fait. Il était important qu’Izayoi apprenne à se maîtriser un maximum et à ne pas se laisser emporter par ses émotions, ce serait probablement le plus dur à lui apprendre.

Lorsque tous les exercices furent terminés, maître et élève se retrouvèrent au distributeur de boisson pour l’habituelle discussion qui suivait chaque entraînement. C’était un bon moyen pour Renka de juger de l’évolution de son élève, autant sur le plan physique que mental. Sur ce premier point c’était tout à fait satisfaisant, il fatiguait de moins en moins et avait supporté les exercices plus difficiles que sa professeure lui avait imposés. Sur le plan mental, il avait l’air de se tenir à tout ce que Renka exigeait de lui jusqu’ici et c’était déjà pas si mal. Il n’avait raté aucun entraînement et n’était jamais arrivé en retard et ne semblait pas avoir dérogé au régime alimentaire qu’il devait suivre mais c’était toujours le moment de s’en assurer.

- « Alors, comment ça évolue de ton côté ? Tu n’es pas trop fatigué au quotidien malgré l’entraînement à ce rythme ? Et tu te tiens bien au régime alimentaire que je t’ai donné ? J’insiste un peu mais c’est important pour l’entraînement. »

Puis ils discutèrent quelques minutes en buvant tranquillement, moment utile pour permettre au garçon de finir les séances sur une note positive et ne pas ressentir ça comme de la simple torture désagréable. Mine de rien, c’était important de ménager le mental de son élève avec la rigueur des exercices.

- « Je pense qu’à partir de la semaine prochaine on va pouvoir passer à 4 séances par semaines. Entre ton entraînement et ça tu devrais avoir une journée de repos ça devrait te suffire, ok ? »

***

Une semaine plus tard, c’était le jour tant attendu/redouté de la remise de prix et de l’annonce officielle de la montée en grade de Renka, qui passerait donc au rang de chef d’équipe. Cela faisait un moment qu’elle voulait gérer ses propres opérations mais jamais elle n’aurait cru que ça se ferait pour un simple coup de pub. Certains auraient pu penser que c’était tant mieux, après tout personne ne remettait en question l’aptitude de Renka à diriger d’autres agents mais elle ne pouvait pas s’empêcher de regretter que tout se passe comme ça. C’était… Dommage. Ça cassait toute la joie et la fierté qu’aurait généré cet événement s’il était arrive de manière plus classique, par les voies habituelles. L’opération de sauvetage des scientifiques dans les locaux d’Anti-Skill aurait peut-être justifié cette promotion même sans les médias et le besoin de faire bonne figure mais ça, Renka ne le saurait jamais.

Sur place, Renka -qui était en tenue ultra officielle-, avait croisé un à un les membres de ce qui allait devenir son ancienne escouade. Ils étaient déjà au courant du fait qu’elle allait les quitter et en profitèrent pour lui dire au revoir, bien qu’ils allaient probablement retravailler ensemble de temps en temps. Renjirō, qui fut le premier à arriver, vint la féliciter pour son travail, l’encourager pour la suite et lui dire qu’il ne doutait pas qu’elle ferait un excellent chef d’équipe, toujours aussi solennel et professionnel dans sa façon d’être.

Ensuite ce fut au tour de Buichi, le sniper discret, probablement celui dont Renka appréciait le plus la compagnie étant donné qu’il ressentait encore moins le besoin de parler qu’elle, de venir la féliciter. Puis ce fut Danzo qui en fit des tonnes comme à son habitude et put se faire remarquer par à peu près tout le monde sur place tant il parlait fort. Il n’avait pas l’air totalement heureux mais Renka avait renoncé à l’idée d’essayer de le comprendre depuis longtemps, un simple regard suffisant à le faire repartir dans des paroles au volume trop élevé et au contenu trop inintéressant pour que ça en vaille la peine.

Il en manquait toujours un à l’appel. C’était pourtant le seul que Renka attendait vraiment vu qu’il était probablement le seul qu’elle appréciait hors du temps de travail. Todoroki venait de la retrouver en même temps que Izayoi et ils purent enfin se dire au revoir dignement.

- « Salut Todoroki, contente que t’ai pu venir. Alors on vient me faire ses adieux ? » dit-elle sur le ton légèrement taquin qu’elle avait tendance à employer quand elle était face à son camarade. « Au fait je te présente Hasakura Izayoi, mon… élève. Disons que je lui apprends la discipline en cours particuliers. Et Izayoi, voici Todoroki, mon plus fidèle partenaire à anti-skill. On s’est sortis de bien des soucis grâce à son maniement du bouclier pare-balle, pas vrai ? » demanda-t-elle en regardant finalement son partenaire.

Shige Todoroki était plutôt heureux aujourd’hui, et cela se sentait que d’une manière ou d’une autre, il en était de même pour le reste de ses collègues d’Anti-Skill. La bonne publicité de l’opération menée par Renka Nishimura avait redonné un bon coup de jus à la crédibilité de leur groupe d’intervention et personne n’était prêt à s’en plaindre. Même si il existait encore des tensions palpables dans la ville, sans compter le District 10 et ses nombreux délinquants où les conflits ne cessaient de gagner en ampleur.

Aujourd’hui, Renka, l’as de la branche 41 montait en grade et devenait chef d’équipe, il n’était donc pas question de rater l’évènement ! Après avoir avalé une tonne de boisson énergisante, avoir doublé son entraînement de renforcement matinal et s’être habillée de façon plus formelle qu’en général, Shige avait accompagné son frère Renjirō à la cérémonie.

[ ‘Pas le moment de la rater ! ]

Resserrant le col de son uniforme, Shige referma la porte des toilettes en sifflotant, saluant son frère qui commençait déjà à s’éloigner de la main, lui échangeant un léger sourire. Il n’était pas question de partir sans saluer Nishimura, il se fraya donc un chemin entre d’autres agents pour finalement reconnaître les cheveux clairs aux pointes ondulées de son ancienne camarade. Posant la main sur l’épaule d’un dernier obstacle, il vint à sa rencontre en se massant la nuque, souriant d’un air maladroit à cause de son retard.

« Ahah désolé ! Toujours le premier levé, dernier arrivé, tu commences à connaître la musique… Nishimura-san. »

« Salut Todoroki, contente que t’ai pu venir. Alors on vient me faire ses adieux ? »

« Ah, ne plaisante pas le dessus ! Je suis aussi un peu triste, tu sais ? »

Todoroki répondit à ses propos empreins de malice avec un rire franc, le genre d’éclat que lui seul était capable de donner autour des autres agents coincés qui passaient et repassaient autour d’eux. Certains se retournèrent pour regarder vers les deux membres d’Anti-Skill mais s’en désintérèssent rapidement en voyant que ce n’était ‘‘que Shige et Renka’’.

« Au fait je te présente Hasakura Izayoi, mon… élève. Disons que je lui apprends la discipline en cours particuliers. Et Izayoi, voici Todoroki, mon plus fidèle partenaire à anti-skill. On s’est sortis de bien des soucis grâce à son maniement du bouclier pare-balle, pas vrai ? »

Todoroki huma l’air en bombant légèrement le torse sur le ton de l’humour en acquiesçant, avant de passer son regard sur le garçon aux cheveux blonds. Il le reconnut visiblement, ajustant ses cheveux en pointe au-dessus de sa tête avec un léger sourire amusé.


« Oh, mais je te reconnais toi ! Tu étais là à l’incident du 326 Ice Cream, avec la miss de Nagatenjouki. Ça va mieux ? Tu as l’air d’être plus costaud que la dernière fois, tant mieux ! Ne néglige pas les repas équilibrés et le sommeil ! »

Le regard de l’agent d’Anti-Skill vint ensuite diverger vers Renka.

« Je ne savais pas que tu emmenais tes élèves un peu partout comme ça. Ménage-le tout de même, le pauvre gars ! Félicitations, en tout cas. C’était évident que tu allais finir par être reconnue. Je suis vraiment déçu de pas continuer à être ton coéquipier direct mais hey, qu’est-ce que tu veux, il faut croire qu’on ne joue plus dans la même cours. »

Todoroki emprunta le ton taquin de sa sempai, posant ses mains sur ses hanches en regardant de nouveau vers l’élève blondinet qui ne semblait pas vraiment à sa place dans cette réunion d’agents et de plus hauts gradés.

« Tous les District ne sont pas encore sûrs à 100 pour 100, alors fais bien attention à écouter et à suivre les conseils de ta sempai, shonen ! Tu ne le regretteras pas. Et n’oublie surtout pas, un vrai homme se relève toujours après la chute ! Ne laisse pas Nishimura-san trop te malmener non plus. Je te fais confiance pour respecter ton professeur ! »

Renka regardait les deux garçons qui discutaient ensemble, l’air un peu ailleurs. C’était amusant de voir ces deux parties de sa vie se confronter de la sorte et l’agent d’Anti-skill qu’était Renka sentait bien que son jeune disciple n’était clairement pas à l’aise au milieu de tous ces adultes qui venaient pour la plupart de l’organisation gérant la sécurité de la cité scolaire. Baillant légèrement, Renka rêvait d’un bon café et surtout de pouvoir s’enfuir d’ici à toutes jambes. Si Hasakura se sentait mal à l’aise et pas à sa place, c’était d’autant plus le cas de la jeune femme qui avait espéré ne jamais se retrouver dans une telle situation. C’était une opportunité que beaucoup auraient adoré saisir mais la jeune femme n’arrivait pas à s’enlever de la tête l’idée que tout ceci n’était qu’une mascarade destinée à l’utiliser pour redorer le blason d’Antiskill auprès du public.

C’était pourtant bel et bien une chose qu’elle attendait depuis un moment : elle allait enfin avoir sa propre équipe. Non pas qu’elle n’en avait jamais dirigé mais elle n’avait pas eu ce rôle officiel depuis qu’elle était arrivée à la cité scolaire. Son chef d’équipe actuel, le frère de Todoroki, était particulièrement excellent dans son rôle mais elle avait certaines divergences de point de vue sur quelques points clés de la gestion d’équipe et elle pourrait enfin tenter de mettre en place ce dont elle avait pensé ces dernières années sous les ordres de son chef actuel.

« Je ne savais pas que tu emmenais tes élèves un peu partout comme ça. Ménage-le tout de même, le pauvre gars ! Félicitations, en tout cas. C’était évident que tu allais finir par être reconnue. Je suis vraiment déçu de pas continuer à être ton coéquipier direct mais hey, qu’est-ce que tu veux, il faut croire qu’on ne joue plus dans la même cours. » dit son futur ex-partenaire avec toujours son air enjoué, sortant Renka de ses pensées. « Tous les District ne sont pas encore sûrs à 100 pour 100, alors fais bien attention à écouter et à suivre les conseils de ta sempai, shonen ! Tu ne le regretteras pas. Et n’oublie surtout pas, un vrai homme se relève toujours après la chute ! Ne laisse pas Nishimura-san trop te malmener non plus. Je te fais confiance pour respecter ton professeur ! »

Cette dernière remarque arracha un sourire légèrement amusé à Renka qui regardait les deux garçons s’échanger un regard malicieux. Croisant à nouveau les bras, Renka entreprit de répondre sur un ton tout à fait aimable.

- « Je n’emmène pas mes élèves partout mais lui c’est un peu particulier, tu vois. Je suis sure qu’un jour il pourra rejoindre un organisme comme antiskill ou un équivalent, pas vrai ? » demanda-t-elle en tournant un regard tout à fait sérieux vers son élève. « Et pour le reste… On sait toi et moi que toute cette remise de prix n’est qu’une mise en scène. J’ai juste eu de la chance que des gens filment l’opération, n’importe qui au bureau en aurait fait autant… Je dis pas que je ne mérite pas d’avoir ma propre équipe, mais… j’aurais juste aimé que ça se passe autrement. » finit-elle sur un ton plus posé et limite agacé.

Elle pensait totalement ce qu’elle venait de dire. Elle se sentait définitivement frustrée par l’enchaînement d’événements qui l’avait conduite jusqu’ici. Cela avait précipité les choses pour des raisons plus que douteuses et ça ne lui convenait absolument pas. Ou peut-être son jugement était-il biaisé parcequ’au fond elle aurait aimé rester un peu plus dans son équipe actuelle ? Soupirant légèrement, Renka repensa aux quelques opérations les plus critiques qu’elle avait menées avec son équipe et plus particulièrement Todoroki ici présent. Elle doutait de trouver un autre partenaire dans sa nouvelle équipe, pas que ceux qui la composeraient seraient moins compétents ou quoi, mais même pour le chef le plus sympa du monde, ce qu’elle n’était pas, l’autorité créait forcément de la distance. Chassant ces idées de son esprit, la jeune femme décida de ne plus penser au futur comme ça, il était inutile de spéculer sur du vent.

Soudain, quelqu’un vint murmurer quelque chose à l’oreille de Renka qui hocha vivement la tête avant de se tourner vers les deux garçons.

- « Bon, c’est le moment d’entrer en scène. Je vous laisse ici. Pas de bêtises Izayoi, ok ? » dit-elle avant de se diriger vers ce qui pouvait s’apparenter à une scène devant la foule.

Tout d’abord, un homme se présenta devant tout le monde. Il indiqua qu’il était un des dirigeants de la cité scolaire et celui en charge de la sécurité de cette dernière, gérant donc antiskill plus ou moins directement. Le grand patron de Renka en somme. Il avait un certain charisme naturel et un talent d’orateur certain qu’il mit à profit lors de la diction de son discours, obtenant l’attention de tout le monde présent sans avoir besoin de la demander. L’homme expliqua à quel point il était fier de ses agents, comme il mettait la sécurité et le bien-être de tous au premier plan et tout ce que chacun se serait attendu à entendre lors d’une cérémonie telle que celle-ci.

Puis vint le tour de Renka qui fut invitée à monter sur l’estrade aux côtés de celui qui se l’était appropriée depuis quelques minutes déjà. Pas franchement à l’aise, la jeune femme n’en montra cependant rien et garda son attitude sérieuse et droite qu’elle avait la quasi totalité du temps mais sans croiser les bras, ce qui aurait pu être assez mal vu. Elle reçut les félicitations pour son courage et son attitude exemplaire autant dans la dernière opération que dans toutes les autres et toutes les platitudes habituelles pour ce genre de cérémonies… Puis elle reçut enfin la médaille, événement qui marquait indubitablement la fin du monologue infini du grand chef qui semblait apprécier de pouvoir faire profiter les autres de sa prestance. Faisant un simple salut respectueux, Renka en profita ensuite pour s’éclipser rapidement une fois certaine que plus personne n’avait besoin d’elle ici, restant toutefois du côté des « coulisses » pour la suite.

Au moins avait-elle échappé à la corvée du discours. Renka se doutait qu’on ne lui demanderait pas de prendre le micro mais le simple fait que cette possibilité ne soit pas nulle avait suffit à déclencher chez elle une appréhension désagréable. Attendant que tout se termine, la jeune femme resta là à ne rien faire, jetant de temps en temps des coups d’oeil à la foule pour essayer de voir grosso-modo l’état d’esprit des gens. Finalement elle eut le droit à des félicitations plus directes de la part de son patron et put enfin retourner vers les autres. Fendant la foule en esquivant un maximum les gens qui voulaient lui parler, Renka rejoint finalement Todoroki et Izayoi qui n’avaient pas bougé depuis qu’elle les avait quittés pour passer le reste de la cérémonie avec eux.



L’entraînement suivant se passa comme tous les autres et enfin les choses semblaient redevenir un peu normales. Après la remise de médaille, Renka avait eu droit à des semi-congés d’antiskill -elle devait bien évidemment toujours assurer ses cours d'anglais- puisqu’elle avait déjà quitté son ancienne équipe mais attendait toujours la constitution de la nouvelle pour pouvoir retourner sur le terrain. Cette petite pause bien méritée dura pendant presque deux semaines, le temps de trouver quelles seraient les personnes qui pourraient quitter leurs équipes ou débuter sous les ordres de Renka sans que ce ne soit totalement idiot et c’est finalement le jour où Izayoi commença son véritable entraînement au combat que la jeune femme rencontra ceux qui allaient être sous ses ordres à partir de ce jour.

Elle avait participé au choix des candidats même si la décision finale ne lui revenait pas vraiment. Pendant plusieurs jours elle avait lu et jugé un très grand nombre de dossiers de personnes totalement différentes et d’origines aussi variées que ce qu’on peut imaginer. Anti-skill était un organisme basé sur le volontariat et ceux qui voulaient y entrer le faisaient pour des raisons totalement différentes. Certains voulaient défendre la cité ou les citoyens, d’autres voyaient ça comme une activité comme une autre ou d’autres encore voyaient ça comme un moyen de gagner en importance ou d’avoir accès à des informations cachées au plus grand nombre. Mais cette fois c’était différent.

Après de longues discutions entre ceux qui étaient décisionnaires et la future chef d'équipe, il fut décidé que l’équipe de Renka ne serait pas une simple équipe de surveillance comme les autres. Le passé de la jeune femme ainsi que ses faits d’armes une fois à la cité et les événements récents avaient motivé la création d’un groupe d’élite destiné à s’occuper des plus grandes menaces et gérer les situations les plus dangereuses, dirigé par Renka elle-même. Cette équipe serait donc constituée de 5 membres en plus de leur chef.

Il y avait tout d’abord Kioshi Hirokazu, ex-policier de Tokyo au dossier irréprochable. Plus vieux que Renka d’une dizaine d’années, il était arrivé à la cité scolaire plusieurs années auparavant et avait tout de suite intégré antiskill. S’illustrant lors de diverses opérations dangereuses, il fut donc partie des volontaires pour entrer dans la nouvelle équipe spéciale qui était entrain de se former et fut choisit par Renka.

Ensuite venait le tour de Claire Beaumont qui était une des plus éminentes expertes en déminage des commandos marines français. Cette dernière était tout juste arrivée à la cité scolaire pour mettre à profit ses talents si particuliers. Choisie parmi tout un tas d’autres candidats aux profils similaires, elle fut sélectionnée plutôt que les autres car elle avait plus d’expérience sur le terrain et était décrite comme particulièrement méthodique et dévouée, ce qui avait paru être une bonne chose à la future chef d’équipe.

Le troisième membre du groupe était un américain : Evan Harper. Sniper surentraîné de l’armée américaine et plus précisément chez les navy seals, il s’imposa pratiquement immédiatement comme un des meilleurs choix possibles pour ce poste et fut accepté directement par chacune des personnes pouvant donner leur avis.

La quatrième personne choisie pour intégrer l’équipe fut un choix plus personnel pour Renka. En effet, Clara Brown était une ancienne amie de la chef d'équipe qui l’avait suivie au Japon pour entrer elle aussi dans l’armée d’autodéfense du pays où elles firent leurs armes ensemble. Cela dit il ne s’agissait pas d’un passe-droit ou d’une faveur, Clara était clairement un élément de choix et le fait qu’elle était déjà connue par Renka depuis bien longtemps n’avait absolument pas été la principale raison de ce choix. Enfin pas directement, ce qui avait joué était que les compétences de la recrue étaient clairement connues de sa future chef et la confiance qui unissait les deux femmes renforçait l'idée que c'était un sujet de choix pour l'équipe. Polyvalente et efficace, elle saurait apporter son expertise et être efficace sur tout type d’opération.

Le cinquième et dernier membre de l’escouade ne fut pas choisi par Renka mais imposé par ses supérieurs. Akihiko Shigeki était un proche du capitaine de section dont faisait partie Renka et avait été presque imposé à l’équipe malgré l’envie de cette dernière de choisir quelqu’un d’autre à sa place. Il était loin d’être un incapable mais était tout aussi loin d’être au niveau des autres mais après tout, il était tout à fait possible qu'il se révèle être un excellent élément et n’avait tout simplement pas encore eu l’occasion de faire ses preuves. Cela dit, Renka avait de plus en plus de doutes au fur et à mesure des informations qu’elle pouvait glaner à son sujet auprès de ses collègues mais elle préféra attendre et voir de quoi il retournerait lorsqu’elle l’aurait en face.

L’équipe enfin au complet, ils se donnèrent rendez-vous dans les locaux d’antiskill pour faire les présentations et entamer leur premier entraînement tous ensemble. Il était temps pour Renka de faire ses preuves en tant que chef et, même si elle ne doutait pas d’être à la hauteur, elle espérait que tout se passerait parfaitement bien et qu’elle n’aurait pas à regretter sa promotion si d’aventure quelque chose venait à se produire.

Fin prête et en uniforme, Renka entra dans les locaux d’Antiskill et prit l’ascenseur pour rejoindre l’étage où se trouvaient ses subordonnés. Tous étaient déjà là, probablement depuis un moment, ce qui contenta la chef d’équipe qui prit un instant pour se remémorer les visages de ceux qu’elle allait diriger. Ils avaient l’air tous sérieux et prêts à tout, comme si ils s’attendaient à ce que leur chef ne leur impose un entraînement à balles réelles surprise alors que ce petit meeting avait tout du simple rendez-vous de rencontre. La seule personne que Renka connaissait réellement était Clara Brown, elle n’avait rencontré les autres que brièvement lors de leurs entretiens et leurs visages s’étaient mélangés avec ceux des dizaines d’autres candidats que la jeune femme accompagnée de ses supérieurs avait auditionnés. Se postant devant eux, Renka s’immobilisa et s’apprêta à dire ses premiers mots en tant que chef d’équipe.

- « Bien, je vois que tout le monde est là. Bonjour à tous et bienvenue chez antiskill pour ceux qui n’y étaient pas avant. Je suis Nishimura Renka et je serai votre chef d’équipe à partir d’aujourd’hui. Je ne doute pas que vous ayez quelques questions alors nous allons prendre place dans une des salles de réunion. » dit-elle avec son ton autoritaire naturel.

Tous se dirigèrent dans une des salles de réunion disponibles et s’installèrent, laissant Renka en bout de table, proche du mur de projection. Ils s’assirent tandis que la chef vint se mettre à côté du mur pour commencer son spitch.

- « Bon. J’espère que vous le savez déjà mais vous vous êtes engagés dans une équipe assez hors normes, en tous cas pour antiskill. Je ne sais pas exactement tout ce qu’on vous a dit avant donc je vais vous faire tout le topo. Suite à certains événements plutôt… fâcheux, les dirigeants de la cité scolaire ont jugé que les équipes conventionnelles ne suffisaient plus et ont donc décidé de créer notre équipe. Nous avons donc choisi les meilleurs candidats possibles dans tous les domaines dont nous avions besoin pour fournir à la cité scolaire son ultime force d’autodéfense, que ce soit pour les menaces internes ou externes. »

Marquant une légère pause, Renka reprit de plus belle.

- « Les menaces exceptionnelles doivent être notre objectif principal mais je peux vous assurer que nous avons de quoi faire si nous voulons nettoyer les rues de la cité. Notre équipe étant la première du genre, j’ai pris la liberté d’élargir notre champ d’action aux opérations de pacification et neutralisation des menaces déjà présentes sur le territoire telles que certaines organisations que l’on pourrait qualifier de clandestines qui se sont établies au fil du temps et ne sont plus à la portée des autres équipes. Il va sans dire que toutes les plus hautes institutions gérantes de la cité ont le regard rivé sur nous et il ne tient qu’à nous de prouver qu’ils ont fait le bon choix en nous confiant cette mission. Nous allons frapper fort et frapper bien. Nous allons faire de cette cité l'endroit calme et prospère qu'elle aurait toujours dû être et ce, sans le moindre faux pas. Des questions ? »

Les membres de l’escouade semblèrent se consulter du regard avant que Clara ne prenne la parole.

- « Comment doit-on se situer vis à vis des autres équipes ? Je veux dire, est-ce qu’on doit obéir aux autres chefs d’équipes, peut-on prendre la tête de certaines opérations ? »

- « Vous n’êtes pas au-dessus des autres membres d’antiskill d’un point de vue de l’autorité. Cela dit moi-même, ou mes supérieurs, pourrons décider de rendre notre objectif prioritaire auquel cas nous deviendrons totalement autonomes et vous ne devrez plus obéir qu’aux ordres qui vont dans le sens de la réalisation de cet objectif. Il pourra nous arriver d’avoir des objectifs que les autres équipes ignoreront, il ne faudra donc pas prendre en compte leurs ordres tant que je ne donnerai pas d’indication contraire. »

Tous opinèrent du chef et le silence retomba assez rapidement dans la salle. Renka attendit quelques instants supplémentaires pour attendre une autre question qui n’arriva jamais et cette dernière s’installa donc à son siège. La réunion continua un bon moment jusqu’à ce que Renka n’indique à tout le monde qu’ils pouvaient partir.


Deux semaines s’étaient écoulées depuis la remise de médaille et l’entraînement de ce jour allait être un peu spécial. Pas qu’il soit particulièrement incroyable mais il y avait une petite nouveauté : Izayoi allait enfin commencer à apprendre à se battre. Cela faisait un bon moment déjà que les entraînements avaient commencé et déjà la professeure de sport improvisée avait l’impression que cette routine durait depuis toujours. Les séances de musculation ainsi que le régime alimentaire strict qu’avait visiblement suivi à la lettre le jeune garçon avaient d’ors et déjà commencé à lui sculpter une certaines musculature qu’il ne possédait pas avant de commencer les leçons. De plus, les discussions habituelles autour d’un jus de fruit après chaque session avaient permis à la jeune femme d’antiskill de mieux cerner son élève et de la conforter dans l’idée qu’elle avait fait le bon choix.

Lorsqu’elle arriva sur place, la jeune femme aperçut la tête blonde de son élève qui l’attendait, ce qui manqua presque de lui arracher un sourire. Mine de rien et sans s’en rendre compte, Renka avait fini par s’attacher au jeune garçon et elle en était venue à vraiment apprécier de venir l’entraîner après des journées parfois stressantes et fatigantes.

- « Allez on y va, et sans traîner. On va commencer par l’échauffement comme d’habitude. »

Elle n’avait même plus besoin de superviser cette partie de l’entraînement mais elle préférait tout de même l’observer en faisant une remarque dès qu’il faisait un mouvement qui ne lui plaisait pas ou n’était juste pas parfait. Les échauffements n’avaient pas changé depuis le début et le garçon les maîtrisait parfaitement désormais mais il ne devait pas se relâcher, surtout un jour comme celui-ci.

- « Bon. On va pouvoir entrer dans le vif du sujet. » dit-elle en se levant et en s’étirant longuement.

Allant vers le grand sac de sport qu’elle ramenait toujours, Renka l’attrapa avant de le ramener vers le blondinet et de le laisser tomber devant ses pieds. Se penchant pour fouiller dedans, Renka en sortit deux paires de gants, une très usée et l’autre visiblement totalement neuve. Lui tendant cette dernière, la jeune femme attendit qu’il les prenne avant de mettre les siens autour de son coup à l’aide de la ficelle qui reliait les deux gants et se pencha à nouveau avant de se relever en tenant d’autres choses dans ses mains.

- « Bien. Ce que tu vois là, ce sont un short de boxe que j’ai acheté et qui devrait te convenir parfaitement, un protège-dents, un casque de protection, des protège-tibias et une coquille. Je t’invite à aller te changer dans le vestiaire. Laisse-moi tes gants, tu les mettras en revenant. »

Regardant le garçon aller se changer, la professeure de boxe se dirigea dans le deuxième vestiaire pour aller se changer rapidement. Lorsque Izayoi revint dans la salle d’entraînement, Renka était déjà revenue et accrochait un petit sac de frappe rond sur un support visiblement fait pour. Se tournant vers le garçon, elle lui fit signe de s’approcher. Elle était en tenue de boxe, celle-ci se composant d’un genre de shorty et d’un t-shirt très serrés, et de baskets, le tout étant totalement noir. Elle ne portait cependant pas les mêmes protections que son élève, n’ayant visiblement pas mis de protège-tibias ni le casque.

- « Approche, je vais le régler à ta taille. » dit-elle avant de s’exécuter. « Et pour tes gants du coup je vais te montrer. »

Se tournant vers Izayoi, elle récupéra par terre un genre de bande enroulée et mit genou à terre, face au garçon, avant de tendre la main. « Donne ta main. » dit-elle avant d’attraper doucement la main de son élève dans la sienne, tenant la bande dans l’autre.

- « Première leçon, mettre la bande de boxe. On n’enfile pas directement le gant, pour des questions d’hygiène et de protection. Le but c’est d’enrouler les articulations et les points sensibles avec la bande de manière à ne pas te faire mal quand tu frappes et ça permet aussi de ne pas transpirer directement dans le gant. Donc la bande a deux bouts différents, un avec un scratch et l’autre a une espèce de boucle. Donc tout d’abord, passe ton pouce dans la boucle. » dit-elle avant de mettre le pouce du garçon dans la boucle et de continuer d’expliquer tout en mettant la bande correctement. « Ensuite il faut enrouler le poignet en faisant une dizaine de tours… comme ça… Tu vois, il faut le faire en remontant un peu sur l’avant-bras mais pas trop haut. Une fois fait, il faut faire passer la bande sur l’espace entre ton pouce et ton index puis enrouler encore une dizaine de fois autour de la zone de frappe, la bosse à la base de tes doigts bien au milieu. Écarte bien les doigts aussi sinon ça va les comprimer et te couper la circulation. »

On pouvait clairement voir dans la rapidité et la dextérité avec lesquelles Renka faisait les gestes qu’elle avait fait ça des centaines, voire des milliers de fois. Elle serrait relativement fort la bande, s’assurant que les articulations n’étaient pas trop libres pour qu’Izayoi ne se fasse pas mal en frappant.

- « Donc pour finir, le pouce. Donc là tu dois partir de la tranche et, en passant sur le dos de la main, venir passer la bande en dessous du pouce pour en faire le tour et repasser au-dessus… faire le tour par la tranche à nouveau avant de refaire ça 3 fois. Comme tu le vois on arrive au bout de la bande, faut faire le tour du poignet si il reste du mou pour accrocher le scratch en bas du poignet. Voilà ! »

Se relevant et regardant la main bandée de son élève, elle mit les mains sur ses hanches avant de faire un signe de tête en direction de l’autre bande qui était au sol.

- « Maintenant fais-le avec l’autre main, je te regarde. »

Guidant son élève tandis qu’il mettait une bande de boxe pour la première fois, elle le corrigea lorsqu’elle en voyait l’intérêt, s’assurant qu’il faisait les choses correctement et ne sautait pas une étape. Même si certains n’en voyaient pas l’intérêt au début, la bande de boxe était un élément nécessaire à l’entraînement pour éviter les entorses en maintenant une rigidité aux articulations et en protégeant la zone de frappe lors des coups. Une fois terminé, Renka adapta la hauteur de la poire de frappe pour qu’elle soit à celle du garçon et se recula d’un pas.

- « Bien. Avant toute chose on va déterminer ton bras dominant. La boxe c’est comme pour tout, les ambidextres sont rares et on a donc presque tous un bras dominant qui est plus fort, plus précis et plus rapide. Tu vas donc te mettre face à la poire de frappe et taper dessus le plus vite possible dix coups avec un bras puis l’autre en faisant de petits cercles. Tu ne t’arrêteras que quand je te le dirai. Enfile tes gants et vas-y. »

Le regardant faire, la professeure de boxe reprit son habitude de lui envoyer des petites remarques comme lors des exercices de musculation du genre « Plus vite ! », « Applique-toi ! » ou « Fais ça bien ou on n’y arrivera jamais ! ». Au bout de quelques séries de coups, Renka se rendit compte que l’un des deux bras du garçon semblait faiblir bien plus vite que l’autre. Allant moins vite et faisant des ronds de moins en moins précis, cela lui suffit pour arrêter l’exercice ici.

- « Bien, il semblerait que ton bras dominant soit le droit, comme la plupart des gens. Approche, je vais maintenant t’apprendre la position de combat de base de la boxe. Donc. La posture est très importante à la boxe. C’est elle qui va déterminer si tu es plus mobile, plus offensif, plus défensif… enfin, c’est ta posture qui te permettra de faire plus ou moins bien tous les mouvements que tu vas apprendre. » s’éloignant, la jeune femme grimpa sur le ring qui se trouvait au centre de la pièce avant de se placer sur un ligne dessinée au sol qui coupait le ring en deux.

- « Ok, viens te placer devant moi, sur la ligne. » se mettant en position, Renka fixait son élève. « Donc ça c’est la position de base de la boxe, assez polyvalente, elle permet de rendre les divers mouvements et jeux de jambes plus simples à réaliser tout en offrant des possibilités offensives et défensives plus qu’acceptables. Pour commencer, tu mets toujours le bras dominant en arrière. C’est peut-être contre-intuitif mais c’est la bras en arrière qui va porter les coups les plus forts et les plus importants, celui devant est surtout là pour contrôler la distance avec ton adversaire, défendre et préparer les coups du bras dominant. Donc ensuite tu vas te placer en fonction de la ligne. Tu ne te mets pas de face mais légèrement de côté, le talon du pied arrière sur la ligne ainsi que le bout du pied avant. Fléchis légèrement les genoux et mets ton poids sur les deux pieds équitablement, le talon du pied arrière soulevé. Maintenant, pour les bras, je veux que tu mettes les coudes baissés, les mains levées, la tête légèrement penchée en avant et le regard juste au-dessus des gants. Voilà c’est bien. Quand tu te bats tu fixes toujours l'adversaire en gardant ses mains bien en vue. »

Abandonnant sa posture, Renka vint se placer à côté de son élève. N’ayant pas enfilé ses gants, elle ne comptait pas se battre et de toute façon elle devrait lui apprendre bien des choses avant que son élève ne puisse commencer à vraiment se battre contre elle.

- « Maintenant que tu es en position, tu vas apprendre à te déplacer. Pour avancer, tu fais un pas avec ton pied avant et ensuite tu ramènes ton pied arrière qui ne quitte pas le sol. Essaye. » Regardant le jeu de jambes de son élève, Renka sembla satisfaite et continua. « Donc pour reculer c’est l’inverse. Tu fais un pas en arrière avec le pied arrière et tu glisses le pied avant pour le rattraper. Le tout en revenant à la position de base à chaque fois. Bien. Si tu vas sur la gauche, tu fais un pas avec le pied gauche et tu ramènes le droit, si tu vas vers la droite tu fais un pas avec le pied droit et tu ramènes le gauche. Ensuite il y a ce qu’on appelle le pivot. C’est le mouvement le plus important. C’est lui qui te permettra de suivre ton adversaire s’il tente de contourner, de faire des esquives et des contres entre bien d’autres choses. Tu mets ton poids sur le pied avant et tu fais glisser ton pied arrière autour de celui-ci. Ça te permet de pivoter sur toi-même rapidement tout en restant stable. Entraîne-toi un peu à maîtriser ces mouvements et on passera à la suite. Fais des grands et des petits pivots jusqu’à parfaitement les maîtriser. » dit-elle avant de descendre du ring et de s’éloigner un peu, prenant son téléphone quelques instants et pianotant dessus.