Akutoku rapprocha son visage de la cage. Derrière les barreaux, le lapin blanc la regardait, ses yeux rouges plongés dans ceux de la jeune fille. Elle hésita. Sa petite main s’éleva vers la porte, attrapant la poignée… Avant de finalement l’ouvrir.
Un son strident perça les tympans de l’adolescente, qui releva son regard vers le plafond. C’était les tribunes. Elle souffla une volute d’air glacé en reposant son regard sur son adversaire, non, Ai Etsu, au sol. La rage dans son regard avant qu’elle ne loge son coup… Le souvenir était encore imprimé dans sa mémoire. Aku fit un pas en arrière, et un sur le côté. C’était la limite de sa nouvelle découverte. Alors qu’elle allait s’écrouler lamentablement au sol, l’adolescente se retint, une jambe pliée. Pas cette fois. Elle se redressa, chancelante. Épuisée. Vidée. Mais encore debout.
Il y avait des gens autour d’elle. Elle ne les regardait ni ne les écoutait pas. Le peu de sens qu’il lui restait était dirigé vers un seul endroit en particulier. Un sourire.
« T'as intérêt... à gagner la finale... »
Comme un déclic, les yeux de l’animal sauvage réalisèrent enfin que le combat était terminé. Il n’y avait plus de bluff, plus de tactique, plus de contre-attaque à prévoir. Juste l’infini monotonie de ce qu’était la réalité, retournée au présent. Un flot d’émotions contraires vinrent s’écraser sur les flots de l’esprit de l’adolescente. Il y avait juste Aku, du bruit, et sa sempai qu’on emportait sur un brancard. Akutoku tenta de lui dire quelque chose avant qu’elle ne disparaisse dans le flou de la vision qu’il lui restait, mais rien ne sorti.
La gorge de l’adolescente se serra, alors que sa mémoire roulait la bande des derniers événements dans l’autre sens. La ridicule glace sur son épiderme fondis comme de la neige. Elle était juste une adolescente de 16 ans. Et elle n’avait aucune idée de ce qu’était ses sentiments et de ce qu’ils voulaient dire. Sans le remarquer, elle se mit à pleurer et sourire en même temps pendant qu’on s’affairait à l’éponger avec des cotons. Elle renifla un mélange de mucus et de sang en fermant les yeux sous l’odeur d’alcool et de pansements, frottant ses yeux rouges avec son avant bras éraflé.
« Satoshi Sugimori… »
Elle ferma les yeux, lâchant finalement prise. Il n’y avait rien dans cet océan, ni but, ni objectif, ni désirs. Elle devait tout fabriquer elle même, comme elle sculptait la glace. Enfermée dans son corps, petit à petit, un pied après l’autre. De l’autre côté des vagues attendait un garçon qui lui tournait le dos. Mais devant lui, il y avait quelqu’un d’autre encore.
« ...je vais gagner la finale. »
Le lapin blanc s’était échappé.