Faites vos jeux [PV Abel Caïn]

Messages : 44 Date d'inscription : 03/01/2017

Un air de richesse rapide, un vent de chance et un arrière gout de ruine. Orzel n'avait avant aujourd'hui jamais mis les pieds dans un casino, mais aucuns de ses mots n'arrivait a mieux décrire ce qu'elle ressentait, assise au bar du casino de la cité. Elle ne se serait jamais douté qu'un tel endroit existe dans un lieu dédiée a l'avancement de la société et de la science, mais au final, il fallait un endroit de débauche même dans les lieux les plus saints. Elle même remerciait le seigneur tout les jours que son divertissement préféré ne nécessite qu'une rivière et un peu de patience, et plaignait les pauvres âmes qui sacrifiaient leurs vies sur un jet de dés. Certes, il y avait quelque chose d'excitant, d'attirant dans un pari. Un sentiment d'abandon, d'abandonner son sort a la merci de Dieu. Mais pour elle qui c'était deja dédié a lui, cela semblait futile.

Evidemment, Orzel n'était pas la de sa propre initiative. Elle sortait d'un entretien avec un ponte de la compagnie Ecomichi, les organisateurs du Power Tournament. L'Oeil de Gakuen Toshi préparait une édition spéciale pour le tournoi, et elle avait réussi a sécuriser un entretien avec l'un des responsables de la communication, qui l'avait donc invitée a un repas au restaurant du casino. Si le saumon sous-vide sauce aigre-douce avait était divin, elle ne pouvait pas en dire autant de la conversation, qui c'était finalement résumée en une bête redite du contenu du dossier presse. Elle qui espérait des infos un peu plus juteuse, par exemple la véritable raison qui poussait une entreprise a organiser un tournoi entre adolescents a super-pouvoirs, ou bien les mesures mises en places en cas d'incident grave... Qu'importe. Elle serait l'une des arbitres officielles pour le tournoi, elle verrait bien ce qui allait se passer quand l'inévitable blessure grave allait avoir lieu.

Elle termina son troisième martini de la soirée et soupira. Elle n'avait pas envie de rentrer tout de suite a la maison. Après tout, elle était dans un endroit plein de distractions et d'excitation, et même si ce n'était pas son pain commun, elle n'était pas non plus contre une nouvelle expérience. Encore s'agissait t il de trouver quoi. Elle se retourna sur son siège et scruta la salle. Il n'y avait pas grand monde, on était un soir en pleine semaine après tout. Seuls les joueurs les plus addicts étaient encore présent. Peut être était t il temps pour elle d'expérimenter cet abandon du jeu ? Aussi futile était t il, cela serait une distraction intéressante. Orzel avisa un instant les machines a sous, puis détourna le regard. Elle ne faisait pas confiance a une machine pour ce qui était de la chance. Elle porta donc son attention sur les tables de jeux un peu plus loin. Poker, hors de question, elle ne connaissait pas les règles. Roulette, ça ne l'intéressait pas. Son regard s'arrêta finalement sur une table de Blackjack, dont le dernier joueur était en train de se lever. Parfait.

Elle termina son verre et le reposa sur le comptoir. Elle lissa son costume et s'assura que son béret était ajuster au léger angle qu'elle affectionnait, nonchalamment penché de quelques degré sur la droite, et se dirigea vers la table, ses mocassins ne faisant pas le moindre bruit contre la fine moquette du sol. Elle n'avait aucune idée de l’étiquette dans les casino, aussi se contenta t elle de s'assoir a la table et de demander, tout sourire :

-Bonjour. J'ai envie de jouer, et j'ai de l'argent. Suis-je au bon endroit ?

Messages : 33 Date d'inscription : 01/11/2018 Localisation : The upside down

Le casino était un établissement bien singulier au sein de la cité. La débauche y était un peu plus présente, chacun allait de sa petite folie au milieu du dédale de couloirs et d'embranchements qu'offrait l'endroit. En effet, cet endroit semblait avoir été conçu pour perdre les consommateurs, l'intérieur y était noir et n'offrait aucune fenêtre ni le moindre repère temporel. Certaines personnes, des touristes pour la plupart, étaient présents depuis plus de 24 heures sans mêmes s'en rendre compte, leur attention étant aspirée par leur vanité et leur désire de jouer toujours plus. A chaque perte, un gain lui succédait, relançant sans cesse l'attention du joueur. Certains chanceux parvenaient même à gagner une belle somme... mais leur vanité inextricable les menaient vers la ruine. Rares étaient les joueurs modérés et lucides, pouvant se contenter de peu et jouer la carte de la sûreté. Et c'était tout ce que le casino désirait. Telle une entité propre, l'endroit happait l'argent, l'attention et parfois même la salubrité mentale de ses occupants...

Orzel put donc naviguer au sein de cette fourmilière grouillante, bourdonnante et folle. Les machines à sous parcouraient les allées étroites menant aux parties plus éloignées du casino, telles des voitures garées à des places de parking. Les serveuses en petite tenue, sûrement pour pousser les hommes à consommer plus, déambulaient au sein des clients en leur proposant des plateaux garnis de mises en bouche et autres boissons. Certaines étaient offertes aux consommateurs les plus obstinés pour "récompenser" leur implication, la forte quantité de caféine présente dans la plupart des boissons leur permettant de tenir toujours plus au détriment de leur santé. Cet endroit semblait tout droit sorti d'une autre dimension, une dimension ou le hasard et la folie des jeux régneraient en maître sur leurs sujets lobotomisés par l'appât du gain qui les animait.

De son côté, un jeune homme se tenait près d'une table de blackjack. Il semblait être l'opposé total de la plupart des clients du casino. Calme, neutre, précautionneux et parfaitement détendu. Sa tenue laissait deviner facilement qu'il s'agissait d'un croupier, et sa tâche n'était pas des plus faciles. Le blackjack était l'un des jeux les plus difficiles du casino, souvent réservé à une élite de joueurs confirmés, la plupart des jeunes débutants étant intimidés par leurs aînés et par le nombre de règles complexes qu'exigeait ce jeu. Cette fois-ci, la table prise en charge par le jeune homme était complète: sept joueurs s'y trouvaient. Sept joueurs qui, au cours de la partie, furent tous éliminés un par un par le croupier sans jamais parvenir à triompher de lui. Sa chance insolente, couplée à son habileté et à sa vivacité d'esprit ne laissaient que peu de chance aux élitistes, étant tous des hommes d'affaires ayant dépassé la quarantaine d'ailleurs. C'est ainsi que, bouillonnant de rage, le dernier client quitta la table en étant contraint d'y laisser ses gains. Si Abel touchait 100% des gains qu'il ramassait à son poste, le jeune homme serait sûrement déjà plein aux as à l'heure qu'il est. Mais il ne semblait pas se plaindre de ne toucher qu'un modeste salaire, ce n'était pas pour l'argent qu'il effectuait ce job... la colère et la fatigue de ses clients déliait leurs langues et leur faisait dire des choses qu'ils ne diraient jamais en temps normal.

Alors qu'il replaçait des jeux de cartes en vue de préparer la prochaine partie avec qui voudrait bien jouer, le jeune homme aux yeux rouges fut interpellé par une jeune femme. Elle était loin des standard des joueurs de blackjack, ce qui eut au moins le mérite d'éveiller sa curiosité. Le jeune homme termina de replacer chaque chose à sa place avant de répondre à la jeune fille sur un ton monocorde. Malgré la musique et le brouhaha ambiant, sa voix portait suffisamment pour qu'il puisse être entendu sans avoir à crier.

" Vous êtes dans un casino après tout. "

Sarcasme mal placé ou taquinerie inoffensive, difficile à dire. Dans tous les cas, Abel était prêt à jouer. Qu'elle soit seule ou accompagnée.

Messages : 44 Date d'inscription : 03/01/2017

Le croupier était un jeune homme en décalage total avec les clients de l'endroit, comme il se devait : contrairement aux pauvres hères qu'il dépouillait a longueur de journée, lui avait la maison de son côté. Il avait l'air toutefois particulièrement jeune pour occuper une telle fonction, mais le travail d'Orzel lui avait apprise a ne pas se fier a ce genre de détails. Elle même avait a peine l'age pour boire, et pourtant... Elle nota cependant son teint de peau, typiquement occidental, et la forme de son visage, qui semblait indiquer un pays d'Europe de l'ouest, quoique probablement pas pur sang. Peut être un métisse ?

L'homme ne réagit pas immédiatement a la question, affairé qu'il était a remettre sa table en place. D'emblée, ce détail put a la jeune journaliste. Quelqu'un qui faisait les choses dans l'ordre, c'était devenu rare dans une ville ou tout se devait d'être optimisé, rapide, efficace.

" Vous êtes dans un casino après tout. "

Malgré le bruit, sa voix était parfaitement audible, aussi régulière qu'un métronome et a peu près aussi dénuée d'émotions. Orzel étira son sourire, et pris place a la table. Elle posa ses coudes dessus et posa nonchalamment son menton sur ses mains jointes, son visage composé en une expression amicale.

-Eh bien parfait, répondis-t-elle d'une voix douce. Je vais cependant devoir vous demander toute votre assistance. Voyez vous, c'est ma première fois dans un casino, et si je connais les règles, je ne sais pas si il y as une mise minimum, ou si je dois suivre un code particulier...

Elle tapota une poche sur son tailleur.

-Mais j'ai ce qu'il faut pour participer je pense. Par ailleurs, j'ai oubliée de me présenter : Orzel Morioh, enchantée. Ah, peut être qu'il ne faut pas se présenter dans un casino ?

Elle se fendit d'un léger rire haut perché, semblable a celui d'un oiseau en pleine période des amours. Elle était presque certaine qu'elle n'avait pas a se présenter, mais ce n'est pas pour cette raison qu'elle allait laisser tomber 18 ans de politesse. Et puis, il restait aisément quelques heures d'enregistrement sur son dictaphone. Qui sais ce que monsieur le croupier pourrait bien lui dire si d'aventure ils venaient a s'apprécier...

Messages : 33 Date d'inscription : 01/11/2018 Localisation : The upside down

Abel était en effet un jeune homme, ayant à vue de nez la vingtaine, typiquement occidental. Les plus observateurs pourraient déceler chez lui des origines asiatiques très atténuées et difficilement repérables au premier coup d'oeil, mais cela restait possible. En particulier pour une journaliste, qui était censée avoir l'oeil pour déceler ce genre de détails. Chose qu'Abel partageait evidemment au vu de son poste et du talent avec lequel il le tenait. S'il tira des conclusions de l'apparence d'Oriel, il les garda bien pour lui. Comme la plupart de ses pensées.

Abel eut donc fini de tout mettre en place, personne ne semblait vouloir rejoindre les deux jeunes gens cependant. Les joueurs commençaient à comprendre qu'Abel n'était pas facile à battre et s'en remettaient donc à des adversaires plus simples... malgré le fait que le jeune homme misait à chaque fois un joli pactole sur la table.

" Misez autant que vous voulez de la manière que vous voulez. "

Se contenta t-il de dire. Rester vague était courant en jeu, et ce alors même que la partie n'en était pas encore à ses balbutiements. Mieux valait laisser le joueur perdu, libre de faire ce qu'il veut sans qu'il ne soit guidé d'aucune manière. Cela facilitait d'entrée les erreurs possibles. Abel commença donc à distribuer les cartes pour deux, tout en répondant à sa jeune interlocutrice.

" Faites comme bon vous semble. "

La plupart des clients évitaient de dévoiler leur identité ainsi, à vrai dire Abel lui-même ne révélait pas son nom aux autres joueurs. Et ce n'est pas aujourd'hui que cela changerait au vu du silence marqué qui ponctua sa phrase. La partie pouvait commencer.

" Alors dites-moi, que fait une jeune femme comme vous à une table de Blackjack ? "

Dit-il. Tenir une conversation avec son adversaire en pleine partie permettait d'accaparer un peu de son attention et, par conséquent, de faciliter une fois de plus les erreurs possibles... tout était question de stratégie, qu'elle soit malhonnête ou non. Abel ne transgressait jamais les règles du casino après tout.

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Orzel dégaina son porte-feuille, une poche grossière en cuir. Si il elle était grossière, c'est parce qu'elle l'avait fait elle-même, un soir d'ennui en attendant que le père Morioh rentre d'opération. Elle pris son temps pour se décider. Elle pouvait miser ce qu'elle voulait. Il fallait donc peut être partir sur une petite somme ? Mais apparemment, ce n'était intéressant que si on misait de grosses sommes... Allez, soyons fous.

Et Orzel posa une pièce de 100 yens dans la zone de paris.

Le croupier commença a distribuer les cartes.

" Alors dites-moi, que fait une jeune femme comme vous à une table de Blackjack ? "

Orzel regarda son jeu, le menton posé dans le creux de sa paume. Si elle se souvenait des règles, elle pouvait miser a nouveau maintenant non ? Ou est ce qu'elle avait uniquement le droit de doubler sa mise ? Que de questions... Bien entendu, celle de son adversaire était aussi importante, mais elle y travaillait aussi :

-Oh, vous savez... La curiosité. A la base je suis venue ici pour le travail, mais je n'allais pas me contenter de rentrer a la maison aussi tôt, la nuit est si jeune, et les oiseaux volent aussi le soir...

Elle tapota la table avec un sourire, les yeux fixés sur son jeu.

-Je tire, dis-t-elle finalement après quelques minutes de réflexion silencieuse

Son regard se leva et fixa le croupier.

-Même si quand je parle d'oiseaux... Dans un casino, j'ai plus l'impression que ce sont les charognards qui sont de sortis, vous ne croyez pas ?

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Abel commença donc à jouer avec Orzel. La partie semblait stable, ne donnant l'avantage à personne. Comme si le croupier la faisait durer intentionnellement. Abel n'avait pas spécialement grand chose à faire après cela, en conséquent, il comptait bien finir la nuit sur cette partie. Autant en profiter pour discuter.

" Le travail ? "

Après tout, seuls les riches hommes d'affaires et autres magnats véreux se réunissaient ici pour parler travail. A moins que la jeune femme ne soit elle-même employée au casino, après tout Abel ne connaissait pas tout le monde. Dans tous les cas cette courte déclaration donnait lieu à des pistes intéressantes... potentiellement. Tout en continuant de jouer, Abel sorti de la poche intérieure de son costume une pièce dorée semblant usée par le temps, et la manipula d'une main pour la faire passer entre ses doigts avec habileté. Visiblement ce n'était qu'un simple tic corporel. Il s'arrêta quelques secondes lorsque son regard perçant croisa celui de sa cliente.

" En y réfléchissant bien, cette analogie s'applique en tout lieu. "

Dit-il toujours avec la même plénitude. Le jeune homme évitait bien sûr le sujet tant qu'il était à son poste de croupier, il se devait de passer pour un travailleur lambda respectueux de son supérieur et de la close qu'il avait signée lors de son arrivée ici. Tant que cela ne gênait pas ses ambitions personnelles... cependant, il ajouta.

" Après tout... ne sommes-nous pas tous pareils. "

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Le croupier mis quelques instants a répondre, sans détacher son regard du sien. La pause en soi était intéressante. Lui qui jusqu’à présent était resté si professionnel, la question semblait l'avoir au moins intrigué. Il répondit finalement, sur un ton égal :

" En y réfléchissant bien, cette analogie s'applique en tout lieu. Après tout... ne sommes-nous pas tous pareils. "

Le visage d'Orzel se changea en une moue peu convaincue.

-Quel pessimisme... Pour quelqu'un qui travail dans un lieu ou tout est possible, vous avez un regard bien sombre sur la vie, mon ami.

Elle laissa l'ironie de sa phrase apparaitre sur son visage, avant de faire signe qu'elle ne souhaitait plus tirer. Son compte était a 20, et elle ne se sentait pas l'âme joueuse. Le jeu du croupier était prometteur, mais elle avait toutes ses chances de l'emporter tout de même. Elle se contenta donc de regarder le croupier finir sa main et continua :

-Après, il est vrai que dans la nature on trouvera toujours des charognards. Mais dans cette ville ou l'ordre naturel est en permanence remis en question, est ce encore vrai ? Dans mon métier on croise des gens peu recommandable parfois. Rien qu'aujourd'hui, je discutait avec un homme qui était prêt a laisser de jeunes gens s'affronter au nom de la sacro-sainte méritocratie... Vous avez du en entendre parler, n'est ce pas ? Ils organisent un tournoi pour espers. Tellement de prix intéressants a la clé, on se demande ce qui motive les organisateurs...

A ce point la, le regard d'Orzel se contentait de fixer de manière pensive les cartes du croupier. Elle ne lui parlait qu'a moitié, ce contentant de penser a voix haute, appréciant d'avoir quelqu'un contre qui faire rebondir ses pensées.

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Orzel resta alors à 20... avant qu'Abel ne sorte le 21. Malgré leur discussion, les deux jeunes gens pouvaient encore s'affronter sur la table, et le croupier le faisait remarquablement. La remarque de la jeune femme à propos de son pessimisme ne provoqua aucune réaction chez lui. Pas plus lorsqu'elle lui parla du tournoi. Abel allait y participer, et cela se saurait tôt ou tard, mais il ne comptait pas prévenir qui que ce soit à l'avance malgré cela. Concernant le métier dont elle parlait... il ne comptait pas lui poser de questions, espérant seulement qu'elle le dira d'elle-même.

" Peu m'importe. Tant que les participants prennent leur pied, qu'est-ce que les intentions des organisateurs peuvent bien importer. "

Prononcer ces mots était à l'encontre même de sa philosophie et de ses pensées, mais l'esper était ainsi. Mieux valait garder ses opinions pour soi, spécifiquement dans son cas. Cela ne pouvait que lui être bénéfique à l'avenir. Ne jamais dévoiler ses cartes trop tôt.

" D'ailleurs au vu de votre âge, vous êtes sûrement une esper. Participerez-vous ?"

Il fallait dire qu'il y avait de grandes chances qu'elle en soit une, il n'y avait que ça dans cette cité.
Il serait peut-être intéressant de la défier sur le terrain en plus du duel qu'ils venaient d'avoir sur table. A vrai dire... lui-même ne participait que pour rencontrer des adversaires intéressants.

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"Peu m'importe. Tant que les participants prennent leur pied, qu'est-ce que les intentions des organisateurs peuvent bien importer."

Orzel l'avisa un moment, peu importunée par la perte de ses 100 yens. Pas rancunière, elle sortit même a nouveau sa bourse, et posa une pièce de 1 yen sur la table. Pas de mise minimum, après tout... Mais ce qui l'intéressait surtout, c'était la réponse du croupier. Elle sonnait un peu creux. Mécanique. L'homme ne disait rien mais n'en pensait pas moins.

" D'ailleurs au vu de votre âge, vous êtes sûrement une esper. Participerez-vous ?"

Orzel eu un sourire, et secoua la tête

-Mon Dieu, non ! Je déteste me battre. Qu'est ce que j'aurais a y gagner de toute façon ? La bourse n'est pas intéressante pour moi, je suis a l'université qui m'intéresse, et l'argent ne m'importe pas. Et représenter une entreprise est loin d'être dans mes prérogatives. De toute façon, je ne suis pas une esper. Je ne suis arrivée que pour l'université. Ça me m'intéresse pas d'avoir des pouvoirs de toute façon... Vous ne trouvez pas ça un peu contraire a l'ordre naturel ?

Son sourire s'étira. Elle était parfaitement consciente que son interlocuteur était selon toute probabilité un esper, et si elle ne comptait pas le provoquer, elle était curieuse de le pousser un peu dans ses retranchements. La conversation pourrait alors devenir beaucoup plus intéressante. Alors elle continua :

-Donner son cerveau a la science, a des gens dont on ne connait rien, pour des théories qui ne sont encore pas prouvés... Tout ça en échange d'un peu de pouvoir. Ça ressemble a un pacte avec un démon, et si je ne sais pas ce que pense le démon, je ne suis pas prête d'accepter !

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Abel recommença donc à jouer, malgré la pièce de 1 yen que la jeune femme venait de miser... ce n'était pas ce qui importait. Abel recommença le tirage sans sourciller malgré le tournant que prenait la conversation. Il n'avait pas de raisons de se sentir indigné puisqu'il ne faisait que se servir du pouvoir qu'on lui avait offert sans jamais rendre de comptes à qui que ce soit.

" L'homme n'a eu de cesse de bouleverser la nature et l'équilibre des choses depuis son arrivée sur terre, c'est dans sa nature. L’ordre naturel naturel n'a pas lieu d'être tant que nous seront en vie. Nous sommes déjà au pinacle de la chaîne alimentaire. "

Il continua de mélanger méthodiquement. Cette femme était sûrement une niveau zero frustrée, ou peut-être une croyante. Abel avait du mal à croire qu'une personne puisse se ficher totalement des capacités d'esper.

" Certains croient en des dieux a l'existence non avérée, la ou la science a fait ses preuves. D'autres croient en l'argent. D'autres encore à des théories qui leurs sont propres. Chacun fait ce qu'il veut. "

C'était loin d'être sa réelle pensée au vu du mépris qu'il accordait aux religieux, mais il se garda une fois de plus bien de le dire. Restait à savoir ou cette femme voulait en venir.

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" L'homme n'a eu de cesse de bouleverser la nature et l'équilibre des choses depuis son arrivée sur terre, c'est dans sa nature. L’ordre naturel naturel n'a pas lieu d'être tant que nous seront en vie. Nous sommes déjà au pinacle de la chaîne alimentaire. Certains croient en des dieux a l'existence non avérée, la ou la science a fait ses preuves. D'autres croient en l'argent. D'autres encore à des théories qui leurs sont propres. Chacun fait ce qu'il veut. "

Orzel éclata de rire. Deux membres du personnel qui passaient tournèrent la tête vers elle une seconde avant de retourner a leurs affaires. Elle fit de son mieux pour reprendre sa contenance, et fixa son visage encore hilare sur le jeune homme.

-Oh, vous, vous êtes un esper, pas vrai ?

Elle s’efforça de se calmer pour regarder son jeu. Elle n'aurait peut être pas du rire si fort. Mais il y avait quelque chose d’irrésistiblement drôle dans ce que lui avait dis le croupier.

-Pour un croupier, vous n'êtes pas très rêveur hein ? Je croyez que vous étiez censée me faire jouer tout mon argent, pas m'exposer tout le pragmatisme de notre monde...

Elle demanda une carte. Son jeu commençait a prendre forme, mais elle n'y prêtait plus vraiment attention. Elle continua :

-Je ne suis pas si sure qu'on soit au sommet de la chaine alimentaire. Quand on y pense, nous n'avons fait qu'être des parasites d'un système trop gentil avec nous. Peut on vraiment parler de domination quand cette même nature est si essentielle a notre être ? Peut être qu'on devrait croire en elle...

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Abel ne lui apporta pas de réponses quant à son statut d'esper. Elle le savait déjà de toute manière. Néanmoins la partie continuait, l'esper semblait toujours aussi fort et minutieux, un vrai mur. Les membres du personnel furent d'ailleurs surpris qu'une personne puisse rire en se trouvant à la même table qu'Abel, la plupart s'énervant ou devenant aussi muets que des tombes.

" Mon but de croupier c'est de gagner... Par tous les moyens. "

Sous entendait-il que leur conversation n'avait que pour seul but de la déconcentrer ? A elle d'en tirer ses propres conclusions encore une fois. Ses yeux rouges parcoururent un instant le casino et ses lumières pour s'arrêter sur le manager, qui semblait l'observer au loin, l'air de demander "à quoi tu joues ?". Abel se contenta de reporter son attention sur ses cartes pour toute réponse.

" Système que nous avons nous-même instauré. Mais ce débat me semble caduc, chacun croit en ce qu'il veut après tout. Qui suis-je pour décrire la condition de sept milliards d'humains. "

Dit-il avec modestie. C'était surtout que cette discussion ne lui apportait rien, de son point de vue, mais se montrer désagréable avec une cliente ne ferait que le précipiter à la rue. Déjà que son comportement pessimiste lui aurait sûrement valu plusieurs remises à l'ordre s'il ne tenait pas son poste avec brio...

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La réponse du croupier eu le don de faire réfléchir profondément Orzel. Alors que son jeu dépassait 21 et qu'elle reposait une pièce d'un yen sur la table d'un geste presque mécanique, elle murmura :

-Qui, en effet...

Elle pris une seconde pour admirer les lumières du plafond avant de reprendre avec intérêt :

-Il y as une théorie en littérature et en philosophie... Pas que je sois grande lectrice en général, mais l'université a tendance a vous donner une culture générale. Enfin, je digresse : La théorie du microcosmos, donc. Vous en avez peut être entendu parler. Elle dis que n'importe quel organisme contient potentiellement la clé de tout l'univers, car a partir d'elle, on pourrait extrapoler le monde entier...

Elle reporta son attention sur le croupier, le regard soudainement plus affuté.

-Si on se fit a cette théorie, alors vous êtes aussi bien placé que n'importe qui pour décrire la condition humaine ! Comme je le suis, comme le sont les scientifiques, comme l'est le Pape. Et si chacun croit en ce qu'il veut, chacun a droit de jugement sur ce que croit l'autre, et est libre de l'admettre ou non.

Un sourire malicieux se dessina sur ses lèvres, même si son regard restait toujours sérieux :

-N'est ce pas la magnifique ? Sans être esper, nous avons tous la capacité de créer notre réalité personnelle... Ce qui est ironique, quand on y pense. Tout le principe d'un esper, c'est de nier ce microcosme pour en imposer un artificiel...

Son regard se fit plus doux et elle se concentra sur son jeu, murmurant finalement :

-Désolé. Je m'emballe un peu. Ignorez mes digressions, j'en suis a plus d'un verre...

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Abel écouta calmement la longue tirade grandiloquente et alambiquée de la jeune femme alors qu'il remporta également la seconde partie, Orzel ayant dépassé le 21. Le croupier recommença le tirage et recommença directement puisqu'elle venait de miser, visiblement elle était déterminée... ou sous l'emprise de son stratagème. Peut-être même de la boisson comme elle venait de lui avouer, bien qu'il n'en soit pas certain. Peut-être était-ce juste un prétexte pour justifier son emportement soudain.

Quoi qu'il en soit, le croupier n'avait plus rien à y gagner, et décida de jouer la carte du gentilhomme. Il fallait donner une bonne image au casino et à ses employés, ceux-ci ne profitent pas des clients en détresse voyons...

" Vous devriez en rester là. J'ai bientôt fini mon service je peux vous raccompagner si vous le souhaitez. "

Annonça t-il sur un ton poli. Néanmoins, il ne comptait pas laisser ses dires dans l'oubli, et lui exposa donc sa vision des choses après cela. Abel adoptait comme depuis le début de la conversation une position neutre.

" Les théories ne restent que des théories. Je préfères croire à ce qui est avéré, mais surtout croire à mes principes. La clé de l'univers est encore bien loin de ma connaissance et je ne pense pas vouloir la trouver un jour. A trop chercher à se rapprocher du soleil on se brûle les ailes... "

Une petite référence mythologique pour paraître cultivé et profond, ça marchait toujours. Suite à quoi, Abel commença à ranger la table, illustrant donc ses dires. Son service se terminait, et il n'allait pas profiter d'elle plus longtemps.

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" Vous devriez en rester là. J'ai bientôt fini mon service je peux vous raccompagner si vous le souhaitez. "

La requête fit hausser un sourcil a Orzel. Elle ne s'y attendait pas du tout. Pour être honnête, elle était partie pour jouer pièce par pièce. Au final, ça lui revenait moins cher qu'une séance chez le psy. Mais peut être était ce une façon subtile de lui faire comprendre qu'elle devait partir... Ah, qu'importe. Il était temps d'en finir.

" Les théories ne restent que des théories. Je préfères croire à ce qui est avéré, mais surtout croire à mes principes. La clé de l'univers est encore bien loin de ma connaissance et je ne pense pas vouloir la trouver un jour. A trop chercher à se rapprocher du soleil on se brûle les ailes... "

-Haha !

Orzel gloussa une nouvelle fois, appréciant que l'ironie de la situation ne pouvait la faire rire qu'elle. Puis elle se leva de table et rajusta son costume.

-Eh bien, je ne dis pas non a être raccompagnée, mais je dois vous avouer que j'ai une politique extrêmement strict quand a mes accompagnateurs. Notamment, j'aimerais connaitre leurs noms, avant de potentiellement les laisser me ramener chez moi...

Elle ponctua sa demande de son plus beau sourire. Elle avait l'air loin d'être ébréchée, toute chose comprise. Elle était parfaitement équilibrée, et si ce n'était une légère rougeur sur ses joues, elle était entièrement normale. Elle n'avait donc pas nécessairement besoin d'un accompagnateur, mais ce soir était un soir d'expérimentation après tout...

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Abel n'avait pas compris pourquoi la jeune femme riait, peut-être était-ce sa référence mêlée à son état légèrement alcoolisé. Le jeune homme ne buvait jamais mais avait pu maintes fois constater les ravages de cette substance sur les clients... ce dont se servaient souvent les membres du personnel pour détrousser davantage les bureaucrates éméchés. En un mot, Abel lui faisait une fleur. Le jeune homme était souvent dénué d'empathie, mais il ne voyait aucun avantage à continuer sur cette lancée, en plus de se sentir misérable de profiter de l'argent d'une jeune femme pompette, malgré ses faibles mises sur la table. C'était une réflexion suffisamment rare chez lui pour le souligner.

" Je m'appelle Abel. Ne soyez pas gênée de me refuser l'offre si vous ne vous sentez pas à l'aise en ma compagnie. "

Dit-il avec courtoisie tout en affichant un sourire poli, presque charmeur. C'était sans doute le panache français dont on parlait que le jeune homme incarnait, bien que cela puisse être interprété comme une simple politesse pour les plus sceptiques. Abel cherchait seulement à ce qu'elle n'ait pas un mauvais souvenir de sa venue en ces lieux malgré les défaites qu'il lui avait infligées. Cela ne semblait pas être le cas au vu de la légèreté du ton qu'elle employait... mais l'alcool faisait peut-être son effet. Abel était suffisamment perspicace pour remarquer qu'elle pouvait encore tenir debout, et qu'elle semblait avoir toute sa tête. Ce n'était donc tout au plus qu'une légère euphorie alcoolisée. Le jeune homme se saisit enfin de la pièce qu'elle avait posée sur la table pour la lui tendre. Elle lui revenait de droit après tout, puisqu'il ne l'avait pas remportée.

" Tenez, votre mise. C'est toujours ça de pris. "

Abel enfila un simple manteau noir et sobre par dessus son uniforme de croupier. Une chemise blanche, un gilet noir et une cravate noire comme tous les autres. La plupart de ses collègues sentaient mauvais à la fin de la journée dû à l'enfermement et le rythme effréné des jeux, pouvant parfois faire suer... mais Abel restait si calme et impassible lors de ces moments qu'il en ressortait la plupart du temps propre comme un sou neuf, et cette fois-ci ne dérogeait pas à la règle. C'est donc sur ce geste qu'il attendit la réponse, qu'elle soit favorable ou non, de la jeune femme.

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" Je m'appelle Abel. Ne soyez pas gênée de me refuser l'offre si vous ne vous sentez pas à l'aise en ma compagnie. "

Orzel aurait continuer a rire si elle n'avait pas peur d'offenser définitivement son interlocuteur. Ah, que le Seigneur était taquin, parfois. Lui même, pour la première fois de la soirée, avait enfin abandonner son air de croupier pour un sourire d'exquise politesse. Ah, les Français. Un peuple pour qui le flacon importait plus que l'ivresse. Orzel les aimait bien, en général. A sa grande surprise, il lui tendit la pièce qui restait encore sur la table de jeu. Une pièce d'un yen. Elle la pris avec révérence, affichant une curiosité polie.

" Tenez, votre mise. C'est toujours ça de pris. "

Orzel eu un sourire. Lui remit son manteau, et resta immobile, comme si il attendait qu'elle lui emboite le pas. Elle resta immobile, sa pièce a la main.

-"Certainement, si tu agis bien, tu relèveras ton visage, et si tu agis mal, le péché se couche a la porte, et ses désirs se portent vers toi...", cita-t-elle d'une voix douce.

Avec un sourire, elle fit sauter la pièce d'un coup de pouce, avant de l'attraper au vol.

-Alors comme ça, la maison ne gagne pas toujours...

Elle empocha la pièce, un sourire amical sur le visage.

-Eh bien, Abel, je me vois dans l'obligation de refuser votre offre. Voyez vous, ma politique concernant mes accompagnateurs m'interdit de rentrer seule avec un homme. Mes excuses les plus plates.

L'ironie qui pointait dans son ton était a peine dissimulée. Elle s'en voulait légèrement d'avoir menti juste pour obtenir son nom, mais certains mensonges étaient inoffensifs. Et son insatiable curiosité n'aurait cessé de la tarauder si elle n'avait pas eu une réponse.

-Vous pouvez quand même me raccompagner jusqu'a l'entrée, proposa-t-elle de son ton le plus aimable.

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Abel, qui affichait jusqu'ici un simulacre de sourire inconscient, vu son visage se décomposer pour retrouver son impassibilité d'antan. Cette femme était donc bel et bien croyante... une personne ayant offert sa foi à un être inexistant. Ou peut-être était-ce sa méfiance maladive qui le poussait à croire cela, car elle aurait très bien pu citer cela sans y attacher quelconque valeur... citation que le jeune homme connaissait très bien. Après tout, cette phrase était adressée à Caïn dans la genèse. Il y avait eu droit de nombreuses fois au cours de son enfance, au vu du caractère croyant de sa famille et plus particulièrement de son père aujourd'hui décédé. Sa mère surprotectrice s'était toujours opposée à cet endoctrinement si jeune, alors que le jeune garçon n'était même pas en mesure de faire des propres choix seul... Si elle n'avait pas été là, peut-être serait-il un profond croyant aujourd'hui. Après tout, peu de gens sur terre pouvaient porter le nom des deux fils d'Adam et Eve, Abel et Caïn. Ce fait semblait si providentiel que le jeune homme avait longtemps dû dissimuler son nom par peur d'attirer la curiosité de ceux qu'il considérait comme des malades mentaux, les autres croyants. Dire qu'une simple phrase pouvait le replonger dans de profondes réminiscences, qui n'eurent que quelques secondes pour disparaître aussi vite qu'elles avaient germées dans l'esprit fécond du jeune homme. Puisque le jeune homme lui tournait le dos à ce moment la, elle n'eut pas l'occasion d'apercevoir le changement brusque d'expression qu'arborait son visage, avant qu'il ne revienne à la normale.

" La maison ne gagne pas toujours le jeu... mais elle gagne toujours ce qu'elle veut. "

Dit-il dans une énième phrase énigmatique, teintée de sous entendu plus ou moins subtil pour au final se mettre en marche vers la sortie, répondant à la jeune femme d'une voix teintée de compréhension.

" Je comprends. Laissez moi vous raccompagner dehors dans ce cas. "

Ce qu'il fit donc. En quelques instants, l'extravagance colorée et le son des basses déguisées en musique se perdant dans un brouhaha de paroles constant se mua en un silence pénitent, celui de la rue nocturne. Un vague bruit d'autoroute lointain et le chant de quelques grillons dissimulés dans l'herbe étaient tout ce qui pouvait leur tenir compagnie sous la réflexion vitreuse des lampadaires éclairant la rue. Abel ferma les yeux et huma lentement l'air, c'était un peu plus respirable qu'à l'intérieur de l'enseigne à n'en point douter.

" Bonne soirée mademoiselle. "

Pas de long discours, pas d'au revoir grandiloquent et chantant, ni même d'hésitation ou d'insistance pour la raccompagner. Le jeune homme se montrait direct sans aucune fioriture, mais toujours sur un ton doux et calme. Comme s'il ne pouvait que rester indifférent face à la beauté du ciel étoilé et au voile de cette triste nuit.

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" Je comprends. Laissez moi vous raccompagner dehors dans ce cas. "

Son regard avait changé. De retour a la stoïcisme, au professionnalisme. Mais elle avait toucher quelque part ou ça faisait mal, elle le savait. A savoir en quoi, précisément... Ah, qu'importe. Elle le suivit a travers le dédale de bruit et de couleurs pour trouver, dehors, la pâleur de la nuit et l'ambiance du soir. Un air frais. Elle ne disait pas non.

" Bonne soirée mademoiselle. "

Elle se tourna vers lui, et lui adressa un dernier sourire.

-Bonne nuit, Abel. Bon courage dans l'enfer des pêcheurs.

Elle ajusta son béret sur sa tête et commença a s'éloigner, a pied. Elle aurait pu demander un taxi, mais elle souhaitait profiter du passage de la nuit, du rythme de la marche, du son ambiant de la vie qui ne s'interrompait jamais. Ce soir, elle ne rentrerait pas a la maison. Elle finirait probablement sa nuit au Babel, un bar qu'elle avait appris a aimer. Cette rencontre ne cessa de lui trotter a travers le cerveau. Pourquoi, elle ne saurait vraiment le dire. Elle avait l'intense impression d'avoir fait face, pendant quelques instants, a son exact opposé. Quelqu'un qui avait entièrement rejeté l'idéal divin pour se jeter a corps perdu dans un pragmatisme absolu. L'expérience avait quelque chose de cathartique. Mais elle avait surtout laissé un autre sentiment implacable.

Elle était destinée a revoir Abel.

Arrivée a cette réalisation, accoudée au comptoir du Babel, elle eu un sourire et demanda au barman une Szarlotka.

Cette ville était décidément pleine de surprises.

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A une
prochaine...

Ou à
jamais...

「 Abel tourna les talons. 」

La nuit était belle. La fille aussi. Mais alors qu'il tourna les talons pour déambuler dans les rues de la cité académique en direction de chez lui, le jeune homme ne tarda pas à ressentir tout le poids de la ville lui écraser les épaules. Abel haïssait cet endroit. Tout ce qu'il détestait s'y trouvait. Dire que la seule motivation de sa venue ici fût l'idée du PCP, et la motivation de sa mère bien-aimée... dans une semaine, le reste de sa famille le rejoindrait à leur tour. Ses deux soeurs et leur mère, ici, à la cité académique. Devrait-il les préserver de cet endroit ou les laisser faire leur propre avis ? Tant de questions qui ne trouvèrent jamais réponse dans le cheminement étriqué de sa pensée. S'il devait décider de quelque chose, Abel s'y refusait. Ce n'était pas à lui de prendre les responsabilités pour un choix qu'il n'avait pas fait... il avait de plus grands projets encore. Oui, un jour, il découvrirait ce que cache cette ville. Il le sentait sous ses pieds... comme une fourmilière... Cette ville était décidément pleine de surprises.

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