The waltzing samurai and the donut

Il n’y avait pas vraiment eu de discussion. Elles avaient vus son regard, et elles l’avait salué en quittant les tribunes avec leur téléphones. Coco avait levé une main sans les regarder partir, les yeux posés sur la perdante du match, prise en charge par les membres du staff de l’évènement. « Ne m’attendez pas ». Sur le chemin menant à la sortie du stade, l’une des filles du club de boxe de Coco ne put s’empêcher d’éclater de rire, surprenant le reste de ses camarades.

« Qu’est-ce qu’il y a… ? Je vois vraiment pas ce qu’il y a de marrant, Satou-san... »

« Ahahah… Désolé, désolé. C’est juste que c’est rare d’entendre Coco prévenir de ne pas l’attendre. »

« Oh. »

Il n’avait aucune chance. Fukuda se demanda pourquoi il avait accepté de faire des heure supplémentaires, pourquoi il avait accepté ce travail, et pourquoi est-ce que c’était lui qui été tombé dessus. Accrochée sur son dos se trouvait une adolescente de 17 ans plus grande que lui, plus lourde que lui, et bien plus bruyante que lui. Son badge gigota quelques instants en même temps qu’il essayait de se défaire sans succès de la prise inoffensive mais furieusement désagréable de l’imposante étrangère.

« S’il vous plaît, s’il vous plaît, s’il vous plaîîît ! Puisque je vous dis que c’est de la plus haute importance… ?! Oh, allez, s’il vous plaît… »

« Gh… C’est non ! Elle ne s’est pas encore réveillée, vous attendrez que quelqu’un passe avant pour l’examiner, je ne peux pas vous laisser entrer, je vous dis... »

Un visage couvert de larmes de crocodile se plaça devant celui de Fukuda, avant que le corps entier de son prédateur ne tombe progressivement au sol, s’écoulant comme un liquide. Mains au sol et tête posée contre les dalles, Coco se prosternat sans hésiter devant le membre du staff qui en profita pour réajuster sa veste et reprendre une respiration. Le froid du sol contre son front ne dérangeait pas l’adolescente, et en aucun cas ne se sentait-elle embarassée. Aux États Unis, cette position ridicule n’avait aucune réelle valeur, mais elle avait peu à peu apprise celle qu’elle possédait au Japon.

« Je suis désolée d’avoir mentie sur le fait que c’était ma sœur... S’il vous plaît, laissez-moi la voir juste quelques minutes… Je jure devant tous les dieux de toutes les religions que je vais pas causer de problèmes… S’il vous plaît... »

Si la porte en métal derrière laquelle une Hikaru encore inconsciente se trouvait n’était pas légèrement insonorisée, elle aurait sûrement été réveillée par le bruit d’un cri de joie, et d’un cri de terreur, ainsi que du remue-ménage significatif d’un animal bondissant au cou d’un autre. La porte de la petite infirmerie s’ouvrit finalement, laissant passer Noah Amber et le petit sac brun qu’elle tenait dans l’une de ses mains.

Le tabouret non loin du lit d’Hikaru Fujiwara racla un instant le sol avant d’être relevé, et reposé au sol. Enfouissant sa main dans le sac une fois, Coco plaça quelque chose dans sa bouche, avant de l’enfouir une seconde fois. Les yeux d’Hikaru semblaient s’ouvrir légèrement. Au dessus du visage de celle-ci, Coco tendait un donut bien gras, bien sucré. Dans le trou au centre de celui-ci, on pouvait sans difficulter reconnaître un énorme sourire.

« T’en veux un ? »

Loin, très loin, très très loin, un son gênant retentissait. Pas tout suite, je suis en train de me battre, aurai t elle aimer répondre, mais le son ne l'aurait pas entendue de toute façon. Elle flottait encore, portée par le câble. Sa tête lui faisait si mal... Son esprit combattif n'était pas mort cependant. Il était invincible. Elle était invincible.

Un autre bruit. J'essaye de récupérer, soyez gentil, taisez vous. Mais les mots ne franchirent pas ses lèvres. Une porte s'ouvrit. Puis un tabouret racla. Ah. Peut être une attaque ? Elle ouvrit lourdement les yeux. Une personne noire mangeait quelque chose. Coco, qu'est ce que tu fais sur le ring ?

Elle ouvrit un peu plus les yeux. Sa main tata le sol... Non, le matelas ? Ou était son bokken ? Pourquoi est ce que le plafond était aussi près ? Pourquoi est ce qu'elle était allongée dans un lit ? Elle les posa sur Coco. Elle lui tendait quelque chose. Un donut. Qu'est ce qu'elle avait avec les donuts ?

« T’en veux un ? »

Hikaru cligna, toujours confuse. Elle avait du fer dans la bouche. Ah, nan, du sang.

-Oui, répondis t elle mécaniquement.

Elle tendit la main et attrapa la pâtisserie, son regard toujours fixée sur Coco. Elle la fixait avec son indécrottable sourire. Heureuse comme a Noël. J'étais aussi heureuse tout a l'heure, durant le combat.

-Le combat... marmonna-t-elle.

Elle était en train de se battre. Elle l'avait touché, non ? Elle avait gagner. Pourquoi est ce que je suis ici alors ? Elle porta le donut et mordit dedans faiblement. C'était doux, sucré et moelleux. C'était la meilleure chose qu'elle ait mangé de toute sa vie. L'harmonie des saveur, l'incroyable équilibre de l'amertume issue de la friture et de la douceur du sucre, la fabuleuse texture créer par une pâte levée par explosion... Elle avala. Et la réalité lui tomba dessus.

-J'ai perdu.

Et Coco était la a sourire. Un intense sentiment de frustration et de honte commença a grandir dans son cœur. Elle avait perdu. Elle était la dernière, elle n'avait pas le droit de perdre. La dernière des Airins. Et elle les avait tous déçu. Elle était tombée la ou elle aurait du gagner pour eux.

Plus fortes qu'elle, ses larmes commencèrent a couler.

-Coco... Je suis désolée... Tellement, tellement, je voulais vous rendre fière, je voulais te venger mais il était trop fort...

Sa voix craqua. Elle baissa les yeux sur sa couette, incapable de faire face a son amie.

« Coco... Je suis désolée... Tellement, tellement, je voulais vous rendre fière, je voulais te venger mais il était trop fort... »

La capitaine du club de Kick-Boxing posa le sac en papier brun sur la table à côté du lit d’Hikaru. Le papier avait absorbée l’huile des donuts ainsi que le sucre fondu du glaçage, ce qui le rendait presque transparent, et un peu collant, graisseux. C’était une sensation que Coco adorait avoir dans les doigt mais cette fois, elle s’empressa de s’essuyer les mains sur son short.

« Tu rigoles, hein ? Tu rigoles, dis ? Tu l’as vu pas vrai ? Je suis sûre que tu l’as vu. »

Le sourire de Coco s'agrandit encore sans que cela n’ai semblé être possible, alors qu’elle n’écarte les bras en se penchant vers Hikaru.

« Le visage de Kimura-san quand tu l’as touché, à la fin ! Quand tu l’as touché en pleine poire ! Il avait l’air de dire quelque chose du genre, ‘‘Celle là, elle est vraiment...’’ Tu m’as entendu crier dans les tribunes ? On criait toutes, en fait. »

Sa voix, et celle des autres membres de son club. Coco ne s’attendait pas à ce que tout le monde soit aussi déterminée, et elle était persuadée qu’on ne faisait pas que la suivre. Airin High School… Il n’y avait pas que le club de Kick-Boxing, il y avait bien d’autres étudiantes de leur établissement assises là-bas. Hikaru Fujiwara c’était battu pour Airin, et par deux fois elle avait frappée. Mais Coco savait pertinemment que le dire à Hikaru, que tout l’monde était fière d’elle, que tout l’monde allait la regarder avec respect quand elle allait rentrer… Ce n’était pas ce qu’il fallait. Ce qui était important maintenant, c’était qu’Hikaru soit fière d’elle même. Les deux mains de Noah Amber se baissèrent vers la couette pour l'agripper et s’avancer plus encore vers sa camarade.

« T’as perdu, Hikaru-chan. Mais, Hikaru… Hé, Hikaru. C’est pas parce que t’as perdu que t’as pas gagné. »

Fermant les yeux en laissant échapper un léger rire, Coco referma ses bras derrière Hikaru avec une douceur toute particulière pour ne pas lui raviver ses blessures, se penchant sur le lit en la serrant avec plus d’ardeur qu’elle n’avait jamais serrée personne.

« Et, trop tard. J’suis fière de toi. »

Elle n'arrivait pas a arrêter de pleurer. Quelle honte. Quelle disgrâce.

« Tu rigoles, hein ? Tu rigoles, dis ? Tu l’as vu pas vrai ? Je suis sûre que tu l’as vu. »

Hikaru releva les yeux, en reniflant, son corps encore secouer de sanglots et ses yeux rouges. Coco la regardait encore, le sourire toujours aussi grand. Pourquoi est ce qu'elle souriant encore ? Elle était pitoyable.

« Le visage de Kimura-san quand tu l’as touché, à la fin ! Quand tu l’as touché en pleine poire ! Il avait l’air de dire quelque chose du genre, ‘‘Celle là, elle est vraiment...’’ Tu m’as entendu crier dans les tribunes ? On criait toutes, en faite. »

Elle essaya de se souvenir. Le visage de Kimura... Il avait l'air mal en point, oui. Elle était plus concentrée sur ses mouvement que sur son visage mais...

Et les cris. Elle ne les avait jamais vraiment écoutée, trop concentrée qu'elle était sur le combat. Mais elle avait entendu la foule exploser en cœur quand son bokken avait touché. Est ce que tout le monde l'encourageait vraiment ? Coco c'était penchée vers elle maintenant. Hikaru recula un peu, par réflexe, incapable de lui faire face. Elle ne voulait pas... Elle ne...

« T’as perdu, Hikaru-chan. Mais, Hikaru… Hé, Hikaru. C’est pas parce que t’as perdu que t’as pas gagné. »

Ses sanglots s'interrompirent. Ses yeux s'élargirent un instant. Ses mots l'avait frappée en plein cœur, avec plus d'efficacité que tout les coups de Kimura. Elle avait raison. Elle avait gagné le combat contre elle d'hier, non ? Mais elle avait perdu le combat pour Airin... Elles devaient... Elles devaient...

Les bras de Coco l’emportèrent dans une étreinte.

« Et, trop tard. J’suis fière de toi. »

Elle ne voulait pas pleurer. Pas encore, pas encore.

Elle fondit littéralement en larmes en rendant du maximum de sa force l'étreinte de Coco. Elle pleurait des larmes de frustration, mais aussi de gratitude et de joie.

-Merci... Merci, Coco... Je ferais encore mieux demain... Merci...

Elle pleura ainsi pendant une bonne minute, laissant ses émotions exploser. Puis ses sanglots se calmèrent. Les larmes cessèrent de couler. Elle se sentait libérée, légère. Comme si elle avait laissé tout ses problèmes et accompli tout ses devoirs. Elle savait qu'elle ne devait pas se sentir comme ça après une défaite, mais elle s'en fichait : Elle avait trouvé sa victoire ailleurs. Elle rompit l'étreinte et s'adossa a son lit pour sécher ses larmes du coin du poignet... ou elle trouva son ruban. Elle l'observa un moment.

Et une idée lui vint en tête.

Elle se tourna vers Coco

-Coco. J'ai besoin que tu me rende un service.

Elle posa une main sur son épaule. Son visage était plus déterminé que durant le combat.

-Je ne pense pas pouvoir marcher seule. Amène moi dans les vestiaires des garçons. S'il te plait !

« Merci... Merci, Coco... Je ferais encore mieux demain... Merci... »

[ Héhé, à peine réveillée qu’elle pense déjà à reprendre. ]

Coco laissa à Hikaru au creux de son épaule le temps qu’il lui fallait. Être l’éponge ou le pilier pour que les filles d’Airin en détresse émotionnelle se reposent, Coco savait faire, elle était pro. Parfois, elle avait l’impression d’être la grande sœur d’Airin High. Mais avec Hikaru, c’était différent. Tout ce qui sortait d’Hikaru, le claquement de sa la langue, son hoquet, la crispation de ses joues… Tout passait dans Coco, mais ça n’était que très mal absorbé. Aussi mal absorbé que le sac en papier de Miss Donuts. Ah, voilà, zut. Coco pleurait aussi. Elle cacha ses larmes sous celles d’Hikaru sans s’arrêter de sourire jusqu’à ce que cette dernière se sente mieux.

« Coco. J'ai besoin que tu me rende un service. »

« Ta bonne fée est là ! Parle et j'exaucerai. »

Un coup de manche tellement rapide que même la super vision d’Hikaru n’aurait pas été en mesure de déceler une seule goutte d’eau salée sur les joues de Coco. Son visage rayonnant était redevenu un soleil sans ombre à l’horizon. Elle était contente d’avoir retrouvée sa meilleure amie entière.

« Je ne pense pas pouvoir marcher seule. Amène moi dans les vestiaires des garçons. S'il te plait ! »

[ Come again ? ]

Voyant le regard de braise de sa camarade qui la traversera d’un côté pour ressortir de l’autre et sa main crispée posée sur son épaule, Coco compris que c’était sérieux. Très, très sérieux. Tellement sérieux que ça ne pouvait pas être sérieux, pas vrai ? L’adolescente croisa vivement les bras en tiquant de la bouche, lâchant un léger soupire dans le mouvement de la fermeture de ses paupière.

« Écoute Hikaru, c’est vrai que tu es fatigué, et tout… Mais est-ce que c’est vraiment le moment de te rincer l’œil ? J’étais toute contente que tu retrouves ton énergie, mais là tu dépasses la barre, hein... »

Un œil se rouvrit vers sa camarade. Flammes. Zut, c’était sérieux sérieux.

« Ah. Accroche-toi, du coup. »

La porte s’ouvrit en trombe en claquant de l’autre côté, prenant par surprise le vigile toujours là qui avait laissé Coco entrer. Un gigantesque sourire colgate à brûler la rétine lui parvint aux yeux. Sur le dos de Noah Amber, capitaine du club de Kick-Boxing, se trouvait une Hikaru qui n’avait pas l’air tout à fait à sa place sur son destrier flamboyant.

« Que-… ? »

« Désolée, j’ai menti, Bwahahaha ! »

Donut Rub éclata comme un moteur de bécane, déchirant l’air et la friction de Coco et de celle qu’elle portait. L’adolescente bondit comme un guépard sur le côté et s’élança dans les couloirs, poursuivie par un membre du staff qui commençait à se demander de quelle planète elle pouvait bien sortir avant de se mettre à sa poursuite. Mais c’était tout à fait inutile. Coco était bien trois fois plus rapide, endurante et déterminée à atteindre son but que Fukuda. Elle le sema en feintant de se diriger vers la sortie, avant de filer vers les vestiaires des garçons après un coup d’œil sur une des cartes murales. En quelques instants, elle et Hikaru se trouvaient devant la salle recherchée.

« Ding Ding. Vous avez atteint votre destination… C’est ici, hein… Bon. Essayons d’arrêter d’attirer l’attention avant qu’on nous envoi des gens au cul. »

Elle posa un pied sur la porte, attendit une seconde, et sans hésiter, envoya un bon coup de pied dedans.

« Ici Coco Amber, que personne ne bouge ! Gardez vos boxers bien en évidence et personne ne sera blessé ! »

Encore un combat, la finale. Certains participants auraient sauté d’excitation à l’idée d’entrer une troisième fois sur le ring, d’autres se seraient préparés mentalement pour combattre les plus forts du tournoi et quelques-uns, peut-être, se seraient demandés ce qu’ils faisaient là à disputer la première place avec des monstres.

Mais Eitarō lui n’était dans aucun de ces cas, son éternelle expression morose habillait toujours son visage. Au fond le tournoi n’était qu’une compétition comme une autre, aussi il n’éprouvait pas de sensation particulière en ce moment précis ; puisqu’il baignait dans la compétition depuis son plus jeune âge, aujourd’hui n’était qu’une valeur de plus à ajouter dans le tableau.

L’universitaire s’écarta du miroir après avoir ajusté le col de sa chemise. Des blessures de son dernier combat ne restaient que de vagues sensations mais aucune douleur ou gêne. Son œil et le côté droit de son visage avaient dégonflé et à la place de la déchirure sur le haut de sa joue se trouvait une petite marque presque invisible. Il entreprit de nouer sa cravate, réfléchissant brièvement aux deux adversaires qui lui feraient face cette fois-ci. Un combat en trio, encore une expérience dont il aurait beaucoup à apprendre.

Soudain, la porte su vestiaire s’ouvrit dans un claquement qui résonna dans la pièce. Une voix familière brailla encore plus fort.

« Ici Coco Amber, que personne ne bouge ! Gardez vos boxers bien en évidence et personne ne sera blessé ! »

De profil et son nœud de cravate à moitié fait, Eitarō vit Noah Amber, un pied à l’horizontale et son sourire caractéristique apparaître à la place de la porte fermée un instant plus tôt. Sur son dos se trouvait une jeune fille aux cheveux dénués de pigmentation que l’universitaire identifia aussitôt.

Absolument immobile et les mains toujours sur son nœud de cravate, Eitarō détailla les deux jeunes filles de son regard fatigué. Qu’est-ce qu’elles voulaient, maintenant ? Les deux adversaires qu’il avait vaincues déboulaient dans le vestiaire du sexe opposé à peine quelques minutes avant le combat suivant. Parmi toutes les raisons qui auraient pu les amener là, le jeune homme espérait qu’elles n’étaient pas venues se plaindre.

« Amber-san, Fujiwara-san, vous n’avez jamais appris à toquer avant d’ouvrir une porte ? »

"J'aurais du préciser que je voulais juste un épaule"

Hikaru chevauchait Noah tel Nobunaga a la bataille d'Okehazama. Elle ne se sentait pas vraiment impériale, ni même signe, mais quand Coco avait une idée, essayait de l'en défaire était comme essayer de diviser l'atome : ça prenait beaucoup d'énergie et ça finissait souvent de manière explosive. Alors elle essayait de tenir bon et de s'accrocher a ce qu'elle pouvait.

Elles arrivèrent ainsi devant le vestiaire des hommes.

« Ding Ding. Vous avez atteint votre destination… C’est ici, hein… Bon. Essayons d’arrêter d’attirer l’attention avant qu’on nous envoi des gens au cul. »

Et elle ouvrit la porte d'un prodigieux coup de pied.

La discrétion a l'Américaine, donc. Typique.

« Ici Coco Amber, que personne ne bouge ! Gardez vos boxers bien en évidence et personne ne sera blessé ! »

Kimura était la, en train de nouer sa cravate. Qui porte une cravate pour un combat ? La personne qui l'avait battu, se souvient-elle avec une légère point d'amertume.

« Amber-san, Fujiwara-san, vous n’avez jamais appris à toquer avant d’ouvrir une porte ? »

-Nos excuses les plus sincères, Kimura-san. Cette intrusion est mon initiative.

Elle descendit du dos de Coco et s'inclina de manière un peu titubante. Sa tête lui faisait encore tellement mal. Mais elle aurait le temps d'aller au lit après. Elle planta son regard digne dans celui de son ancien adversaire et commença :

-Je n'ai pas eu le temps de te remercier pour notre combat plus tôt. Tu a était un adversaire digne, et je suis honorée de t'avoir affronter. J'ai beaucoup appris grâce a toi. Merci beaucoup, Kimura-dono.

Elle s'inclina a nouveau, de façon plus certaine. Son discours avait était prononcé avec précision et fierté, et il était clair qu'elle en pensait absolument chaque mot. Mais alors qu'elle continuait, son regard changea légèrement :

-Je ne suis pas venu ici que pour ça cependant. Tu nous a battus, moi et Amber-san. Il va maintenant falloir que tu assume tes responsabilités.


Elle porta le nœud de son ruban a sa bouche, et le défit. Elle le déroula, le plia proprement, et s'avança de quelque pas. Elle attrapa poliment mais fermement la main de Kimura, et noua le ruban proprement a son poignet, de manière a ce qu'il ne soit ni serré, ni handicapant durant le combat. Le tissu était encore légèrement taché de sang et de sueur.

-Tu nous a vaincus. C'est donc sur toi que repose nos espoirs. Porte ça pendant le combat, car a l'instant ou tu m'as sorti de ce ring, tu as pris sur toi les couleurs d'Airin autant que les tiennes. Au nom du combat que nous avons eu, Kimura-dono, je te demande de gagner. Gagne, et montre que tu est le meilleur, car seul le meilleur a pu nous battre. Et si tu perd, tu aura affaire a nous. Et demain nous serons plus forte que jamais.

« Je n'ai pas eu le temps de te remercier pour notre combat plus tôt. Tu a était un adversaire digne, et je suis honorée de t'avoir affronter. J'ai beaucoup appris grâce a toi. Merci beaucoup, Kimura-dono. »

[ Hikaru… Je me suis inquiétée pour rien. Elle est forte, après tout ! ]

Coco croisa les bras en fermant les yeux, un sourire fier figé au visage alors que sa tête s’agite de haut en bas machinalement.

« Je ne suis pas venu ici que pour ça cependant. Tu nous a battus, moi et Amber-san. Il va maintenant falloir que tu assume tes responsabilités. »

« Moshi moshi ? »

Noah redressa la tête instantanément en clignant des yeux. La raison de la volonté d’Hikaru de venir ici devenait limpide. Alors comme ça, cela ne dérangeait pas à Hikaru d’être trois ? La question était, qu’est ce qu’Eitaro allait en penser. L’adolescente plaça son regard sur l’intéréssé en le détaillant, plissant les yeux. Est-ce qu’il serait prêt à accepter une relation à trois alors que la seule intéraction qu’il avait eu avec elles deux aura été de les envoyer au tapis après qu’elles aient essayés de lui faire rentrer son crâne dans ses cervicales ?

[ Est-ce que les garçons aiment ce genre de trucs ? ]

« Tu nous a vaincus. C'est donc sur toi que repose nos espoirs. Porte ça pendant le combat, car a l'instant ou tu m'as sorti de ce ring, tu as pris sur toi les couleurs d'Airin autant que les tiennes. Au nom du combat que nous avons eu, Kimura-dono, je te demande de gagner. Gagne, et montre que tu est le meilleur, car seul le meilleur a pu nous battre. Et si tu perd, tu aura affaire a nous. Et demain nous serons plus forte que jamais. »

Coco redevint sérieuse sans trop qu’on ait à l’y forcer, étirant l’un de ses bras derrière sa nuque alors que l’échange était en cours. Allait-il refuser, allait-il accepter la proposition d’Hikaru ? Celle-ci était réelle pour le coup. Et venant d’une guerrière comme elle, c’était une proposition d’une valeur inestimable, et ça n’était pas peu dire. Noah Amber savait qu’Eitaro le savait aussi : c’était très sérieux, et si il refusait, c’était comme pousser Hikaru au sol, une Hikaru qui était encore blessée après leur match.

Une Hikaru qui était venu jusqu’ici pour elle, mais aussi pour lui. Coco esquissa un grand sourire en déroulant l’une de ses bandes de boxe en rejoignant le duo. Sans attendre, elle en coupa une partie avec ses canines et un bon coup sec. S’approchant d’Eitaro Kimura, elle n’hésita pas à imiter sa meilleure amie, et à nouer le lien qui les unissaient désormais un peu plus haut.

« J’ai déjà dit ce que j’avais à dire, Kimura-san. T’es vraiment fort, hein ? Me battre moi c’est facile, mais battre Hikaru-chan, j’imagine que ça a dû te sortir de ta zone de confort. Expérience, hein ? Chacun son domaine. »

La main de Coco s’enfouit ensuite dans son sac en papier pour tendre un magnifique donut glaçage chocolat vers leur nouveau champion.

« Va jusqu’au bout, taro-chan ! On est juste derrière. »

Le sourire étincelant revint faire surface, dans toute sa gloire, mais cette fois, il était pour Eitaro, et lui seul. Alors qu’elle lui tendait la main, les gardiens et membres du staff s’étaient tous rassemblés à l’entrée. En moins de temps qu’il ne fallait pour, on escortait sèchement Coco hors des vestiaires, alors qu’elle gardait la même position, main levée, sourire et yeux fermés.

[ Heureusement que je leurs aient dit de ne pas m’attendre. ]

Son poing se leva avant qu’elle ne se fasse entièrement cacher par le staff.

« Luttez contre l’oppresseur ! »

Et juste comme ça, Coco était disparue aussi vite qu’elle était arrivée, pour l’un comme pour l’autre.

-Nos excuses les plus sincères, Kimura-san. Cette intrusion est mon initiative.

[ Pratique et théorie… ]

-Je n'ai pas eu le temps de te remercier pour notre combat plus tôt. Tu a était un adversaire digne, et je suis honorée de t'avoir affronter. J'ai beaucoup appris grâce a toi. Merci beaucoup, Kimura-dono, reprit Hikaru après s’être inclinée. Les pièces du puzzle commençaient déjà à se former dans l’esprit d’Eitaro; vu l’état de la jeune fille et l’irruption barbare de Noah, il était clair qu’elles avaient manigancé leur escapade sans poser de question aux infirmiers.

Ceci étant dit, « dono » ? Eitarō fut surpris de constater qu’Hikaru était sincère, il s’était attendu à de l’amertume plus qu’autre chose suite à leur affrontement mais voilà qu’elle était reconnaissante. Elle continua après s’être inclinée une seconde fois :

-Je ne suis pas venu ici que pour ça cependant. Tu nous a battus, moi et Amber-san. Il va maintenant falloir que tu assume tes responsabilités.

Eitarō plissa les yeux à ces mots, voilà le revers de la médaille. Malgré son état, la poigne de la jeune fille était assez forte, rien d’étonnant pour une épéiste probablement. Il ne résista pas, pressentant déjà ce qu’elle allait faire.

-Tu nous a vaincus. C'est donc sur toi que repose nos espoirs. Porte ça pendant le combat, car a l'instant ou tu m'as sorti de ce ring, tu as pris sur toi les couleurs d'Airin autant que les tiennes. Au nom du combat que nous avons eu, Kimura-dono, je te demande de gagner. Gagne, et montre que tu est le meilleur, car seul le meilleur a pu nous battre. Et si tu perd, tu aura affaire a nous. Et demain nous serons plus forte que jamais.

Cette fois-ci le visage de l’universitaire changea un peu plus. Si ses expressions n’étaient pas très visibles, ses émotions transparaissaient légèrement malgré tout. Surprise encore, voilà qu’elle était autoritaire : ça n’était pas une demande mais un ordre. Eitarō regarda le ruban noir soigneusement noué, il était clair qu’il n’avait pas été nettoyé. S’il le gardait trop longtemps, il allait laisser une tâche.

Et puis, fidèle à elle-même, Noah Amber s’avança et déchira un morceau de bande avec ses dents. La différence d’élégance était là mais le message était le même et venant de Noah, il fallait s’y attendre.

« J’ai déjà dit ce que j’avais à dire, Kimura-san. T’es vraiment fort, hein ? Me battre moi c’est facile, mais battre Hikaru-chan, j’imagine que ça a dû te sortir de ta zone de confort. Expérience, hein ? Chacun son domaine. »

« Hm. », laissa seulement échapper Eitarō qui était resté muet jusque là. La jeune fille l’avait totalement cerné. Était-ce du à son habitude des combats ? Évidemment, ça devait être flagrant pour une vétérane.

« Va jusqu’au bout, taro-chan ! On est juste derrière. »

Il dévisagea le donut. Gras et sucre, il n’en voulait pas. Ce type d’apport calorique collait bien à la jeune fille cela dit. Le discours était beau et le message aussi, mais du point de vue de l’universitaire, rien ne l’obligeait à respecter la volonté des deux adolescentes.

Une petite dizaine de personnes fit soudain irruption dans la pièce et embarqua littéralement Noah et son donut. Fermant les yeux et portant de nouveau les mains à sa cravate, Eitarō termina enfin le nœud. D’un geste lisse, il le remonta jusqu’à son cou, sans trop serrer.

« Luttez contre l’oppresseur ! »

L’esquisse de la courbe d’un sourire se dessina l’espace d’un instant sur les lèvres du jeune homme alors qu’il pliait son col.

« Laissez. » fit-il d’une voix forte, « J’ai encore quelques mots à leur dire. » ses yeux de nouveau ouverts envoyèrent un message clair à l’équipe, il ne tolérerait pas un refus. Il ajouta cependant. « Je n’en aurais pas pour longtemps, vous pouvez attendre à l’extérieur. »

Son attention se dirigea ensuite vers Hikaru.

« Fujiwara-san. Je te l’ai déjà dit, je n’ai jamais pratiqué l’art du sabre. Je n’ai pas le même code ou la même notion d’honneur que toi. »

Il éleva un peu la voix, s’adressant également à Coco :

« Vous souhaitez que je gagne le tournoi pour laver votre honneur, pour montrer qu’Airin n’est pas un établissement faible. Mais cela, ça n’est pas à moi de le faire. Personne ne vous blâmera d’avoir perdu contre un niveau 4, même s’il s’agirait du plus faible d’entre tous. C’est ainsi que le système fonctionne, il suffit d’un numéro. »

Il plaça ses mains dans ses poches, les deux bandes noire et blanche à son poignet disparurent de moitié.

« Il n’y a aucune garantie que je sorte vainqueur et je n’ai pas non plus la prétention d’être le meilleur. Je comprends la logique mais parier sur moi pourrait amener à une troisième défaite. Si vous tenez réellement à sortir la tête haute de ce tournoi, vous feriez mieux de vous arrêter là. »

Le tournoi étant médiatisé, les personnes les plus observatrices reconnaitraient sans peine le ruban et la bande, mais c’était également une stratégie à double tranchant. S’il perdait en portant ces couleurs, alors Airin perdrait de nouveau.

« Vous voulez être les meilleures. Amber-san, souhaites-tu gagner ? Et toi Fujiwara-san ? » demanda-t-il en regardant d’abord l’une puis l’autre.

D’un point de vue strictement personnel, Eitarō ne combattait pas pour l’honneur de Dangai ni même pour le sien. Une fois le tournoi terminé, un travail administratif intense lui permettrait de réduire la médiatisation de sa propre image. Ce tournoi n’était qu’un test.

« Je ne vous dois rien, ni victoire ni défaite. Nous avons combattu et vous avez perdu le droit d’avancer dans le tournoi. Votre progression s’arrête ici. »

Eitarō revit les images des deux affrontements, la détermination de Noah qui l’avait poussée à se blesser elle-même pour espérer le toucher, les deux coups infligés par Hikaru. Chacune à sa manière, elles avaient montré aussi  bien à lui qu’à la foule l’acharnement et la rage de vaincre d’Airin High School.

[ Luttez contre l’oppresseur, car demain nous serons plus fortes que jamais. ]

Il restait donc une question pour laquelle Eitarō n’avait pas de réponse.

« Pourquoi souhaitez-vous gagner ? »

Hikaru ne fut pas surprise quand Coco s'avança et attrapa a son tour le poignet de Kimura. Elle ne la connaissait pas depuis longtemps, mais leur première rencontre avait suffit pour tout connaitre sur elle. Nerveusement, elle porta la main a sa joue. Elle tapait fort, la gaijin.

« J’ai déjà dit ce que j’avais à dire, Kimura-san. T’es vraiment fort, hein ? Me battre moi c’est facile, mais battre Hikaru-chan, j’imagine que ça a dû te sortir de ta zone de confort. Expérience, hein ? Chacun son domaine. Va jusqu’au bout, taro-chan ! On est juste derrière. »

Et évidemment, elle sortit un donut, apparemment de nul part.

Les gardes aussi sortirent un peu de nul part.

Ils attrapèrent Coco et l’emportèrent de force. Apparemment ils avaient mal pris l'intrusion et la fuite... Coco allait être emportée, et elle allait lever la main en protestation, quand soudain...

« Laissez. »

La voix forte de Kimura avait sonner, interrompant tout le monde. Il n'était qu'un étudiant, mais tout les gardes lui obéirent. Quelques ordres plus tard, et ils étaient a nouveau en petit comité. Et il se tourna vers Hikaru.

« Fujiwara-san. Je te l’ai déjà dit, je n’ai jamais pratiqué l’art du sabre. Je n’ai pas le même code ou la même notion d’honneur que toi. Vous souhaitez que je gagne le tournoi pour laver votre honneur, pour montrer qu’Airin n’est pas un établissement faible. Mais cela, ça n’est pas à moi de le faire. Personne ne vous blâmera d’avoir perdu contre un niveau 4, même s’il s’agirait du plus faible d’entre tous. C’est ainsi que le système fonctionne, il suffit d’un numéro. Il n’y a aucune garantie que je sorte vainqueur et je n’ai pas non plus la prétention d’être le meilleur. Je comprends la logique mais parier sur moi pourrait amener à une troisième défaite. Si vous tenez réellement à sortir la tête haute de ce tournoi, vous feriez mieux de vous arrêter là. »

Les mains dans les poches et toisant les deux jeunes filles, il demanda :

« Vous voulez être les meilleures. Amber-san, souhaites-tu gagner ? Et toi Fujiwara-san ? »

Hikaru cligna des yeux. La question semblait si étrange, la réponse si évidente, elle fut prise de court. Sa bouche s'ouvrit pour répondre, mais il n'avait pas terminé, apparemment :

« Je ne vous dois rien, ni victoire ni défaite. Nous avons combattu et vous avez perdu le droit d’avancer dans le tournoi. Votre progression s’arrête ici. »

« Pourquoi souhaitez-vous gagner ? »

Hikaru pondéra sur la question pendant un instant.

-Si cela ne vous dérange pas, je vais m'assoir.

Elle pris une chaise et se posa dessus, avec précaution, prenant garde a ne pas avoir l'air d'un buffle qui se grattait le derrière. Elle pris le temps de réfléchir, puis se lança :

-Je pense que tu est quelqu'un de réfléchi et de consciencieux. Tu est le produit de cette cité, un pure objet issu de la méthode scientifique. Si je ne me trompe pas, tu pars donc d'un postulat et de lois irréfutables pour construire ta pensée. Selon ton raisonnement, notre progression s'arrête a cause de notre défaite.

Elle posa les mains sur ses genoux, le dos droit et le regard tranchant.

-Tu as tort. Tu te trompe, car ton postulat est faux. Il est vrai que tu m'as vaincu. Ce n'est pas pour autant que j'ai perdu. J'ai beaucoup gagner, au contraire. Pendant notre combat, j'ai découvert beaucoup de choses... Sur moi même, sur ma façon de me battre, sur les raisons qui me poussent a affronter des adversaires aussi forts. J'ai donné tout ce que j'avais, et je suis tombée non pas parce que j'étais faible, mais parce que mon adversaire était simplement plus fort que moi. En somme, j'ai dépassé mes limites. C'est la seule victoire dont j'ai réellement besoin.

Un sourire amical naquit sur son visage

-Tu dis que notre progression s'arrête ici... Mais pourtant elle ne fait que commencer, n'est ce pas ? Coco et moi, nous continuerons a progresser, chaque jour un peu plus, petit a petit... Et sans toi, j'aurais peut être oublié ça aujourd'hui. Tu m'as rappelé mes erreurs et tu m'as forcé a en apprendre. Je parlais plus tôt de responsabilité du vainqueur : Je ne te demande pas de gagner la compétition. Je te demande d'apprendre de nos erreurs et des tiennes. Je te demande de gagner contre toi même. Bat celui que tu était durant notre combat.

Elle se leva difficilement et attrapa son poignet, le tirant de sa poche. Les bandes de Coco y étaient accroché.

-Ça, c'est pour te souvenir de ce qui arrive quand un esper se retrouve au corps a corps.

Elle attrapa l'autre poignet.

-Ça, c'est pour te souvenir de ce qui arrive quand on cogne fort dans le crane d'un esper.


Elle recula d'un pas et trébucha, se laissant tomber sur Coco, presque inconsciemment. Mais son regard brulant restait figé sur Eitaro. Sa voix était devenue aussi dure que l'acier.

-Ce n'est pas une histoire de fierté ou de victoire. C'est une histoire de progression. Progresse, Kimura-dono. Grandis. Montre le meilleur de toi même. Quand le temps sera venu, affronte nous a nouveau, et alors nous progresserons encore plus. La prochaine fois, je ne serais pas aussi faible !

« Laissez. J’ai encore quelques mots à leur dire. Je n’en aurais pas pour longtemps, vous pouvez attendre à l’extérieur. »

Visiblement, l’équipe de sécurité avaient comprise que Coco n’était pas une réelle menace. Son sourire idiot devait en être pour quelque chose. Puisqu’Hikaru semblait en bon état et que celui qu’elles étaient venu déranger souhaitait leur parler (et était aussi un level 4…), on relâcha l’adolescente légèrement. Bientôt se déroulerait le prochain match du garçon. Ce n’était pas le moment de se mettre sur son mauvais côté et risquer qu’il se désiste. Le talkie-walkie derrière Coco sonna pour indiquer que la situation était sous contrôle. The show must go on.

[ Okay, c’était assez cool. ]

Et Eitaro monologua un certain temps. Coco ne voulait vraiment pas avoir l’air de lui manquer de respect mais ses yeux avaient du mal à rester totalement ouverts. Le son passait vraiment bien dans ses oreilles mais dès qu’elle essayait de se concentrer pour comprendre une partie elle en ratait une autre. Alors elle essayait de se concentrer sur la partie en cours, mais elle échappait encore au direct. Coco essuya ses lèvres d’un revers de main en fronçant les sourcils, avant d’hocher la tête plusieurs fois. Elle avait décidé d’arrêté d’écouter, en fait, c’était inutile, ça ne marchait pas. A la place, elle fit comme on fait quand on est tout petit. Elle regardait tout le visage d’Eitaro, et puis ses petits mouvements. Ses yeux qui bougeaient, ses lèvres qui parfois se pinçaient plus sur un mot ou un autre. Elle entendait, mais elle n’écoutait pas. Elle n’en avait pas besoin, elle comprenait tout ce qu’il disait.

[ Taro-chan, tu es un oignon frit. Tu es tout croquant à l’extérieur, et tout chaud, et tout gras. Mais à l’intérieur tu es un bon légume. On t’as fait tout graisseux et tout calorique, mais tu es un bon oignon, Taro-chan. Les oignons ça ne fait pas grossir à la base. ]

Coco se perdit dans les yeux d’Eitaro Kimura. Elle avait encore du mal à comprendre ce qui différenciait les garçons des filles. Elle l’imagina en femme et arriva à un résultat tout à fait acceptable. Au final Eitaro pouvait être un esper, un oignon frit ou une fille, Eitaro était toujours Eitaro et Coco commençait à bien l’aimer, cet Eitaro là. Mais qu’est-ce qu’il parlait beaucoup pour dire des choses simples, cet Eitaro là...

« Pourquoi souhaitez-vous gagner ? »

[ Et voilà le direct ! ]

Coco regarda Hikaru qui n’avait pas réussit à en placer une se décider à s’asseoir, et réussit à s’empêcher de sourire, faisant gonfler ses joues et ressortir ses fossettes. Elle aussi avait vu dans Eitaro l’oignon derrière la friture. Mais ça lui faisait encore plus plaisir de la voir déterminée comme ça. Elle voulait lui sauter dans les bras pour de vrai et la faire tourner dans la salle. Mais elle se dit que c’était peut-être le moment de se calmer un peu, surtout que le staff était derrière la porte entrouverte.

« Je pense que tu est quelqu'un de réfléchi et de consciencieux. Tu est le produit de cette cité, un pure objet issu de la méthode scientifique. Si je ne me trompe pas, tu pars donc d'un postulat et de lois irréfutables pour construire ta pensée. Selon ton raisonnement, notre progression s'arrête a cause de notre défaite. ...Tu as tort. Tu te trompe, car ton postulat est faux. Il est vrai que tu m'as vaincu. Ce n'est pas pour autant que j'ai perdu. J'ai beaucoup gagner, au contraire. Pendant notre combat, j'ai découvert beaucoup de choses... Sur moi même, sur ma façon de me battre, sur les raisons qui me poussent a affronter des adversaires aussi forts. J'ai donné tout ce que j'avais, et je suis tombée non pas parce que j'étais faible, mais parce que mon adversaire était simplement plus fort que moi. En somme, j'ai dépassé mes limites. C'est la seule victoire dont j'ai réellement besoin. »

Coco ne put empêcher ce sourire là d’apparaître. Hikaru avait sa propre friture aussi, mais elle utilisait une huile différente. Elle se retourna vers Eitaro Kimura. A la fin du monologue d’Hikaru, Coco la réceptionna contre elle avec son côté gauche, soutenant son poids sans la moindre difficulté en regardant toujours Eitaro en souriant, sans la laisser tomber ou baisser d’un centimètre. Dans cette position, les bras de Coco n’entouraient pas Hikaru de leur chaleureuse protection, et elle ne la plaçait ni plus haut, ni plus bas qu’elle. Elles étaient sur un pied d’égalité et Coco était assez adroite pour s’assurer qu’elle ne tombe pas, en sachant qu’Hikaru serait assez confiante pour savoir qu’elle ne tomberait pas. Sans un mot, Coco dévisagea Eitaro en restant dans cette position, cherchant à lui faire comprendre sans s'embarrasser d’autant de conversations inutiles qu’il avait utilisé. Elle leva un  index de son autre côté vers Kimura pour le pointer du doigt.

« Quand c’est fun, je gagne. Je veux gagner parce que c’est fun. Mais quand mon adversaire gagne et trouve ça fun, je trouve ça fun. Donc... »

Le doigt claqua dans les airs sans un bruit, diffusant un aura menaçant aux alentours et quelques kanjis flottant visibles seulement pour Coco.

« ...Même quand je perds, je gagne !  »

-Si cela ne vous dérange pas, je vais m'assoir. Je pense que tu est quelqu'un de réfléchi et de consciencieux. Tu est le produit de cette cité, un pure objet issu de la méthode scientifique. Si je ne me trompe pas, tu pars donc d'un postulat et de lois irréfutables pour construire ta pensée. Selon ton raisonnement, notre progression s'arrête a cause de notre défaite.

Eitarō dévisagea l’adolescente. Jusqu’ici le résumé était bon, il attendait la suite. Le regard d’Hikaru lui annonça immédiatement la couleur.

-Tu as tort. Tu te trompe, car ton postulat est faux. Il est vrai que tu m'as vaincu. Ce n'est pas pour autant que j'ai perdu. J'ai beaucoup gagner, au contraire. Pendant notre combat, j'ai découvert beaucoup de choses... Sur moi même, sur ma façon de me battre, sur les raisons qui me poussent a affronter des adversaires aussi forts. J'ai donné tout ce que j'avais, et je suis tombée non pas parce que j'étais faible, mais parce que mon adversaire était simplement plus fort que moi. En somme, j'ai dépassé mes limites. C'est la seule victoire dont j'ai réellement besoin.

Le cerveau de l’universitaire enregistra et traita les informations au fur et à mesure qu’elles venaient. Ce qu’elle disait ne pouvait être considéré comme faux, il s’agissait purement et simplement d’une divergence de point de vue.

-Tu dis que notre progression s'arrête ici... Mais pourtant elle ne fait que commencer, n'est ce pas ? Coco et moi, nous continuerons a progresser, chaque jour un peu plus, petit a petit... Et sans toi, j'aurais peut être oublié ça aujourd'hui. Tu m'as rappelé mes erreurs et tu m'as forcé a en apprendre. Je parlais plus tôt de responsabilité du vainqueur : Je ne te demande pas de gagner la compétition. Je te demande d'apprendre de nos erreurs et des tiennes. Je te demande de gagner contre toi même. Bat celui que tu était durant notre combat.

Eitarō ressentit cette étrange sensation de satisfaction qu’il avait apprit à connaitre ces derniers temps, la sensation d’avoir transmis quelque chose. Autant dans son regard et ses paroles que dans sa posture, Hikaru était bien différente de la jeune fille qui lui avait fait face un peu plus d’une heure auparavant. L’adolescente ne faisait que demander, ordonner… mais dans le flot de ses paroles se trouvait une note plus aigüe, qui souhaitait recevoir confirmation. Hikaru avait l’esprit vif, elle avait compris.

La jeune fille s’avança, visiblement décidée à aller jusqu’au bout de son explication malgré son état. Elle prit les poignets de l’universitaire dans ses mains, avec la même poigne ferme qu’un peu plus tôt.

-Ça, c'est pour te souvenir de ce qui arrive quand un esper se retrouve au corps a corps. Ça, c'est pour te souvenir de ce qui arrive quand on cogne fort dans le crane d'un esper.

Enfin, épuisée par ses propres paroles, elle ajouta :

-Ce n'est pas une histoire de fierté ou de victoire. C'est une histoire de progression. Progresse, Kimura-dono. Grandis. Montre le meilleur de toi même. Quand le temps sera venu, affronte nous a nouveau, et alors nous progresserons encore plus. La prochaine fois, je ne serais pas aussi faible !

Un sourire entendu se dessina sur le visage d’Eitarō qui gratifia les deux adolescentes d’une expression rarement visible chez le jeune homme. Hikaru avait surpassé ses attentes. « Progresser » était la réponse à sa question. Gagner n’était qu’une possibilité, pas un but. Aussi la jeune fille ne souhaitait pas gagner mais apprendre, tout comme lui. Quelle que soit l’issue d’un combat ce qui importait était l’expérience vécue et ce qu’elle allait pouvoir en tirer pour avancer un peu plus. Et petit à petit, elle construirait ainsi une armure que pas même le plus puissant des ennemis ne saurait ébrécher.

Ce fut le moment que choisit Noah pour rebondir et même renchérir… à sa façon.

« Quand c’est fun, je gagne. Je veux gagner parce que c’est fun. Mais quand mon adversaire gagne et trouve ça fun, je trouve ça fun. Donc ...Même quand je perds, je gagne !  »

Le sourire d’Eitarō disparut à cette déclaration, laissant un silence s’installer quelques secondes dans le vestiaire. Personne ne bougea.

« Félicitations, c’est juste. » dit finalement le jeune homme en brisant le silence. « J’ai dit que vous aviez perdu votre droit d’avancer dans le tournoi, cependant la progression ne se limite pas à ce genre d’événement. En réalité, il y a toujours une prochaine étape à atteindre. »

Le regard d’Eitarō glissa de son poignet aux deux jeunes filles, message reçu. « Quand à ma propre progression, vous n’avez pas à vous en préoccuper. Échafauder des contre-mesures et des stratégies pour gagner en performance, c’est ce à quoi je me suis voué. L’apprentissage n’a pas de limite, et c’est bien la seule chose qui soit valable pour tous de façon égale. »

L’étudiant de Dangai fit quelques pas en avant, dépassant Hikaru et Noah pour s’arrêter derrière elles. Il tourna la tête sur le côté.

« Malheureusement combattre n’est pas quelque chose que j’apprécie Fujiwara-san, pas plus que la compétition contrairement à ce que certains pourraient croire. »

Si possible, Eitarō préférait de loin ne plus avoir à affronter ni l’une ni l’autre. Ses deux combats auxquels il s’était soumis le lui avait bien fait comprendre : qu’il gagne ou qu’il perde, il n’en éprouverait aucune satisfaction, joie ou peine. Blesser son adversaire n’avait rien d’agréable, pas plus que recevoir des coups.

Il présenta son poignet : « Ces couleurs n’ont aucune valeur à mes yeux, sachez-le. »

« Si je sors pour aller affronter les plus puissants espers de ce tournoi, cela ne sera ni pour vous ni pour aucune école ou gloire factice. Cela sera pour moi et pour moi seul afin de m’améliorer. L’égoïsme est la clé de voûte de la progression. »

Comme c’était étrange, rencontrer quelqu’un partageant son point de vue dans un milieu tel que celui là, et que cette personne soit son opposée sur tant de points. Enfin, quelque chose comme ça n’avait rien d’étonnant, finalement. Eitarō ouvrit la porte et mis un pied dans le couloir. Il jeta un coup d’œil à Noah cette fois-ci.

« … du moins c’est le cas pour moi. Soutenez-vous sans faillir, et gardez en tête que quelqu’un de faible a bien plus à apprendre que quelqu’un de fort. Sur ce. »

Rangeant ses mains dans son pantalon de costume le niveau 4 disparu dans le couloir, un morceau de ruban noir et l’extrémité d’une bande blanche dépassant de sa poche droite.

Et son dernier conseil prononcé, Kimura quitta la pièce, laissant Hikaru et Coco seules.

Hikaru avait écouté avec attention, faisant de son mieux pour comprendre l'intention de son adversaire. Qu'il était curieux de voir quelqu'un d'aussi contenu... Il ne voulait pas se battre, mais participait a un tournoi comme celui ci. Il voulait progresser, mais pas dans la compétition. Les couleurs et les noms n'avaient aucune importance a ses yeux, et il ne se battait pour personne. Pourtant, il l'avait battu...

Elle se sépara de Coco, et tituba dans le couloir. Kimura était en train de rejoindre l'arêne. Et sous le coup d'une impulsion qu'elle ne comprenait pas vraiment elle même, elle s'inclina aussi bas qu'elle pu.

-Merci beaucoup, Kimura-san ! Fait un bon combat !

Et quand elle releva la tête, il avait tourné l'angle. Les gardes étaient retournés a leur poste, et seul celui qui les avait poursuivi jusqu'ici attendait patiemment qu'elles aient finis. Elle se tourna vers Coco.

Un dernier sentiment ne l'avait pas quitté. Une frustration plus profonde que tout le reste. Elle pouvait se contenter d'avoir progresser aujourd'hui, et voir que cela lui apportait plus qu'un trophée ou une victoire. Elle pouvait être heureuse d'avoir fait un beau combat, car elle avait tout donné et rendu ses amis fiers.

Elle ne pouvait pas cependant se satisfaire d'une chose.

Son regard se planta dans celui de sa meilleure amie. Ce n'était pas un regard amical ou avenant. C'était l'expression sérieuse et décidée d'une femme qu'on avait privé de quelque chose.

-Coco... Un jour, il faudra qu'on s'affronte aussi.

Elle laissa flotter sa déclaration de guerre un instant... Et se laissa glisser mollement contre le mur, toute son énergie drainée.

-Pas aujourd'hui par contre hein... La, j'ai très envie de retourner dans ma chambre d’hôpital...

[ Bwehehe. Il dit tout ça, mais au final, c’est juste un gros nounours. ]

Les yeux de Coco s’ouvrirent en même temps que sa bouche, suivant Hikaru rejoindre Eitaro Kimura dans le couloir. Son regard à elle se releva rapidement vers le comité d’accueil qui n’avaient pas que ça à faire, et qui attendait de s’assurer que la capitaine du club de boxe dégage d’ici et vite. Son grand sourire devint rapidement un rictus, mais c’est le dos d’Eitaro et la courbette d’Hikaru qu’elle décida d’imprimer dans sa mémoire plutôt que le staff en train de taper du pied.

[ Mais un jour faudra que quelqu’un lui casse sa coquille, au grand garçon. Et c’est moi qui vais devoir m’en occuper, hein ? Aaaah, Coco, tu as la vie dure. ]

Les poings de l’adolescente s’enfoncèrent dans ses hanches lorsqu’Hikaru revint creuser sa tranchée dans le staff. Pas encore fini, hein ? Evidemment que non. Les yeux d’un animal sauvage s’étaient ouvert entre les fourrés, vissés sur elle. Le sourire de Coco devint plus mince lorsqu’elle ressentie toute la frustration du regard de sa camarade. La fille aux cheveux rouges. Le combat de la première phase, et… C’est vrai, elles aussi…

« Coco... Un jour, il faudra qu'on s'affronte aussi. »

[ ... ]

Cela avait été bien assez pour distraire Noah, et l’empêcher de rattraper sa camarade avant qu’elle ne chancele en direction du mur. Ses mains tendues vers elle, Coco vint refaire apparaître son gigantesque sourire.

« Pas aujourd'hui par contre hein... La, j'ai très envie de retourner dans ma chambre d’hôpital... »

« Héhé, t’es quand même assez casse-cou comme fille ! Je me demande si t’es pas une mauvaise influence pour moi ou un truc du genre. »

Les bras de Noah Amber vinrent soutenir Hikaru et l’aider à se redresser, avant qu’elle ne vienne la laisser entre les mains du staff. Un donut entre les dents, elle agita la main en direction de sa camarade de classe en suivant son escorte. Au final il ne s’était pas passé tant de chose que ça. Le plan de Coco pour s’enfuir hors du complexe en kidnappant Eitaro en caleçon n’avait finalement pas dû être utilisé. Elle le garda tout de même en tête assez de temps pour l’écrire dans le bloc note de son téléphone, on ne sait jamais. En attendant le bus qu’elle venait de rater, Coco repensa aux paroles d’Hikaru. L’affronter, hein.

[ ‘‘Soutenez-vous sans faillir’’… Ouais, la prochaine fois… La prochaine fois, je retiendrais pas mes coups, Hikaru-chan. Et la prochaine fois, je te referais sourire, Taro-chan. Ouaah... ]

Levant son dernier donut, Coco regarda à travers celui-ci son bus arriver quelques minutes en avance, avec un énorme sourire.

[ Tellement de choses à faire, je suis toute excitée ! ]